● Les conséquences de la visite

La visite du Pape Jean Paul II a-t-elle été comme le souhaitaient les évêques une nouvelle pentecôte pour l’Eglise du Gabon ? Dans tous les cas elle a constitué un nouveau départ pour le clergé et les chrétiens. Les témoignages des chrétiens et du personnel religieux qui ont vécu cette visite parlent sans cesse d’un « renouvellement de la foi sur le plan spirituel et d’un souvenir inoubliable sur le plan humain » 1033 . Cette visite se situe à un tournant important de la vie de cette vieille et jeune Eglise qui assumait âprement les conséquences de la fin des missions.

En concluant son homélie par les paroles « Eglise du Gabon lève toi et marche ! », le pape galvanisa le catholicisme au Gabon. Par la suite, de nombreuses réunions dans les mouvements et autres structures furent consacrées à la mise en œuvre de cette interpellation.

Les premiers concernés par cette visite étaient certes les laïcs mais les premiers à comprendre la dimension et la portée de cette visite furent les évêques. Leur mobilisation fut totale avant et après la visite. Ils avaient associé les chrétiens à cette grande fête par une large campagne d’explication. Deux lettres d’évêques aux chrétiens témoignent de cette volonté. Deux autres lettres, adressées au Pape, le remerciaient des bienfaits de sa visite. Le clergé, les religieux et religieuses en service dans les paroisses et autres communautés confirmèrent aussi les effets positifs du voyage. Les rapports paroissiaux et les correspondances du personnel religieux adressées aux évêques, dans les années qui ont suivi la visite reviennent sans cesse sur les conséquences pastorales et spirituelles.

Bien que la visite se situât à un moment particulièrement pénible, à cause du contexte politique, social et économique, elle avait en effet touché les chrétiens. Elle avait fait naître chez plusieurs des sentiments de renouveau et retrouver le chemin de l’Eglise. Mais ce renouveau ne fut pas sensible dans l’immédiat. Certes de nombreux Gabonais affirmaient de nouveau leur appartenance à l’Eglise catholique mais la pratique demeurait sommaire et l’engagement peu visible.

La conséquence la plus importante fut « la nouvelle prise de parole de l’Eglise ». Cette visite avait permis aux évêques et aux chrétiens de s’exprimer de nouveau sur les problèmes de leur société. Après 1982, la hiérarchie catholique reprenait la parole après une « traversée du désert ». Les évêques ne rataient plus une occasion pour dire et donner leur point de vue sur l’évolution de la société. Les rapports, les déclarations de la conférence épiscopale étaient désormais rendus publique avec une plus large diffusion, surtout après 1990.

Les paroles du Pape, dans ses discours à Libreville, sont largement reprises par les évêques et les prêtres pour proposer une société plus juste et fraternelle. Les chrétiens de toutes les classes sociales essaent de les mettre en pratique. Dans un certain sens cette visite constitua aussi la seconde étape de la fin de l’épqoue de la Mission telle qu’elle était conçue avant 1958.

Notes
1033.

Témoignages oraux recueillis lors de nos différentes enquêtes de terrains au Gabon.