● Les tentatives de réactions du régime face à l’euphorie et les difficultés

Au cours des années d’euphorie s’étaient développés, en même temps que la croissance économique, divers maux que le PDG lui-même dénonçait. Mais cette dénonciation restait au niveau du discours. En 1976, alors que tout allait fort bien et que la croissance avait atteint son apogée, le Président Bongo, Grand camarade et secrétaire général fondateur du PDG, dans son discours du 11 mars, reconnut que le développement économique s’était fait de manière sauvage ; il dénonçait ainsi « le capitalisme sauvage » dans lequel s’était enlisé le pays. « Le capitalisme sauvage » a eu pour conséquence un développement déséquilibré du territoire. Pour sortir de la situation, le Président de la République lança l’idée du « Progressisme démocratique et concerté » qui proposait une collaboration étroite entre les capitalistes, les employés et l’Etat 1144 .

Avec l’aide du FMI, dès 1977, le régime de la Rénovation fit mettre en place un plan de redressement économique qui permit, un temps soit peu, de juguler la crise. Mais en réalité, pour sortir de la crise entre 1976 et 1979, le régime de la Rénovation bénéficia d’un heureux concours de circonstance. En effet en 1979 s’était produit un deuxième choc pétrolier. Ce choc pétrolier était lié à une augmentation de la demande de pays industrialisés au point que le prixe du baril de pétrole dépassai la barre des 30 dollars, mais aussi à une hausse du dollar.

Cette double augmentation compensait la baisse de la production 1145 du Gabon et une relance des investissements. Mais cette reprise n’allait pas duer car le ver qui rongeait le fruit continuait son oeuvre.

Le Congrès extraordinaire du PDG, réuni à Libreville du 24 au 27 janvier 1979, par exemple, n’avait pas caché certains maux dont souffrait le pays : « le cumul des fonctions, l’affairisme, l’indélicatesse impunie caractérisée par les détournements des deniers publics, la corruption. » 1146 . Dans ces conditions, les espoirs laissaient la place à) La « Rénovation rénovée », à travers « le progressisme démocratique et concerté », définie par le Grand camarade en 1976 n’avait été qu’un feu de paille.

Avec l’intensification des difficultés économiques, surtout sociales au milieu des années 1980 prit fin le triomphe du parti unique PDG.

Avant d’aborder la fin du parti unique et ses conséquences nous voulons d’abord décrire et analyser les relations entre l’Eglise catholique et les conséquences sur celle-ci du triomphe du PDG et du régime de la Rénovation.

Notes
1144.

Omar Bongo, Principaux discours et messages, Discours du 11 mars 1976 à la veille du 8è anniversaire du parti unique. Propos confirmé lors du discours du 24 janvier 1979 à l’ouverture du 2è congrès ordinaire du parti.

1145.

Cf. Rolland Pourtier Le Gabon, Tome II, ibid.

Dans les années 1970, le pétrole est devenu la seule matière première à même de fournir des recettes à hauteur des besoins, soit 54% de la totalité des recettes de l’Etat en 1977. De 1971 à 1976, la production avait presque doublé pour atteindre alors 11,5 millions de tonnes dont 85% produit par Elf Gabon. Mais en 1978, la production était retombée à 10,6 millions de tonnes et avait régressé de 6% en 1979.

1146.

Omar Bongo, Principaux discours et messages, Rapport moral et politique du 2ème congrès extraordinaire du PDG, du 24 au 27 janvier 1979.