● Les limites du régime de la Rénovation et du PDG : la dérive idéologique ?

Lors du réveil de l’opposition en 1981, le régime de la Rénovation se caractérisait par une dérive politique et identitaire contraire aux motifs avancés lors de sa création. En effet, dans les années qui ont suivi la mise en place du parti unique, les autorités du régime de la Rénovation avaient mis l’unité nationale au centre de la politique intérieure. Le secrétaire général fondateur, Albert Bernard Bongo, n’avait cessé de rappeler dans ses discours que le parti unique entendait lutter contre « le régionalisme, le tribalisme, contre les problèmes ethniques, contre l’esprit de facilité et le népotisme ».

Le Président Bongo déclarait souvent que ces maux font peser sur le Gabon une menace infiniment plus grave qu le sous-développement : « Pour moi, il n’existe que des Gabonais et non des gens du Nord, du Sud… C’est pourquoi la marche de l’Etat a été organisée de telle sorte que des considérations ethniques ne puissent pas jouer de rôle déterminant. » ¹²³²

Le régime de la Rénovation était persuadé, dans les premières années, que la politique de stabilité et d’accueil des investisseurs privés était le meilleur moyen de développer rapidement le Gabon. Il affiramait qu’il ne voulait pas sacrifier une génération pour construire un paradis dans le futur. Chaque pas sur la voie du développement devait profiter à toute la population. Le régime affichait, enfin, à ses débuts, la ferme intention de développer une véritable identité nationale dans le domaine des choses de l’esprit ¹²³³ .

En réalité, le régime de la Rénovation et son parti unique le PDG ont tenu tant que le pays jouissait d’une certaine prospérité économique et tant qu’à l’extérieur aucun événement ne vint bouleverser l’ordre établi.

Dès la fin des années fastes, vers 1978 on pouvait discerner les premières limites du régime et du parti unique. Ces limites sont perceptibles dans l’impuissance à construire construction une véritable identité culturelle nationale ¹²³⁴