II- LES CAUSES DE L’ENGAGEMENT DE L’EGLISE DANS LES MUTATIONS DE 1990

L’année 1990 s’ouvrit sur une phase de mutations politiques et sociales face à laquelle l’Eglise fut très sensible. Car pour la première fois, depuis son installation au Gabon en 1844, l’Eglise catholique (sur un plan local) réussit à définir, à un niveau hiérarchique élevé (les évêques réunis en conférence épiscopale), les raisons de son engagement dans les mutations de la société. L’Eglise réussit également à produire un discours officiel unique pour guider les pas de la jeune démocratie multipartiste gabonaise.

Sur la base des éléments théologiques, canoniques et historiques, et à la lumière des repises de parole de l’épiscopat et du clergé gabonais, nous cherchons à comprendre pourquoi l’Eglise catholique du Gabon, à partir de 1990, s’est engagée directement dans les mutations politiques et sociales. La réponse à cette interrogation s’appuie essentiellement sur les documents conciliaires de Vatican II, sur les écrits pontificaux (Encycliques, Exhortations, Lettres), épiscopaux (messages, déclarations, discours, appels et sur les enseignements (homélies, conférences) des prêtres et laïcs gabonais.

Il apparaît que l’Eglise catholique est intervenue dans les mutations politiques et sociales au Gabon à partir de 1990, pour des raisons historiques, au nom de l’évangélisation, de la promotion de la dignité de l’homme et du bien commun. Elle tire ce rôle de ses relations avec la société gabonaise toute entière, et capitalise une action sociale qui lui a permis de réaliser une œuvre éducative, sanitaire et agricole.