● L’Eglise du Gabon : un engagement pour la promotion du bien commun

Dans tous les Rapports de la CEG après 1990, les évêques gabonais estimaient que le respect de la dignité et la primauté de l’homme gabonais sont inséparables de la promotion du bien commun.

En effet, pour le clergé gabonais : « le bien commun [est] cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’a chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée… 1461  »

En insistant sur la notion de bien commun, l’Eglise du Gabon entendait intensifier et étendre les liens entre Gabonais. La promotion du bien commun par l’Eglise avait pour but, entre autres, d’inciter les hommes politiques et les décideurs sociaux à tenir compte, tout au moins à faire attention « aux besoins et aux légitimes aspirations » de chaque gabonais 1462 . Elle avait aussi pour but de permettre au peuple de comprendre et de mieux cibler ses attentes.

La promotion du bien commun permit surtout à l’Eglise du Gabon d’insister sur des valeurs comme « le respect des autres, l’amour des adversaires et l’égalité ». Des valeurs nécessaires et essentielles pendant les mutations démocratiques de 1990. Ces valeurs permirent à tous les Gabonais, surtout les hommes politiques, d’atteindre « ceux qui pensent ou agissent autrement… ». Pour les évêques du Gabon, le bien commun était aussi une nécessité incontournable car « tous les Gabonais doués d’une âme raisonnable… ont même nature et même origine ;… jouissent d’une même vocation et d’une même destinée…, il faut davantage reconnaître leur égalité fondamentale » 1463 .

A travers le bien commun, l’Eglise espérait vivement que les Gabonais parviennent à des conditions de vie plus justes et plus humaines. De fait, les inégalités politiques, et surtout sociales, constatées pendant la période du parti unique, et même avant, avaient engendré un drame dans les consciences de certains gabonais 1464 . L’accumulation, avec le temps, de ces inégalités faisait obstacle à la justice sociale et à l’équité. L’Eglise du Gabon voulait que le bien commun contribue intensément à l’épanouissement des Gabonais. L’idée du bien commun préconisée par l’Eglise du Gabon permit aux hommes politiques gabonais de se préoccuper de l’essor des institutions publiques et privées lors des mutations démocratiques de 1990.

Les Gabonais prirent très à cœur de compter les solidarités parmi leurs principaux devoirs. Du point de vue même du clergé gabonais, si le pays depuis 1960 avait fait des pas significatifs dans la croissance économique (à cause des circonstances internationales comme le boom pétrolier de 1973) il était loin d’atteindre les objectifs d’un véritable développement politique et social à cause du manque de sens du bien commun. En 1990 donc, ce principe était indispensable à l’essor véritable du pays dans les différents domaines 1465 .

Notes
1461.

Gaudium et Spes N° 26-1.

1462.

DOCATGAB, Rapport de la CEG, mars 1992.

1463.

DOCATGAB, Rapport de la CEG, Id. & Ibid.

1464.

Les inégalités sociales et le passé politique, n’auguraient pas pour certains Gabonais des lendemains meilleurs. Ils considéraient tout cela comme « une fatalité à la gabonaise » impossible à conjurer. Cela est d’autant plus vrai que certains Gabonais, sans pour autant être favorables au régime du parti unique, le considéraient comme un moindre mal. Pour d’autres, par contre, en 1990, la vie politique moderne depuis 1945 était une parodie dramatique qui devait prendre fin avec les événements de 1990. Du point de vue de l’Eglise, ces événements devaient réconcilier et corriger les erreurs du passé. Il ne s’agissait pas pour l’Eglise d’une rupture (une révolution) comme l’espéraient certains.

1465.

DOCATGAB, Rapport de la CEG, mars 1992, Ibid.