● L’Eglise du Gabon, un engagement au nom de ses qualités sociales.

C’est dans le concept d’Eglise « Corps social… dont le Christ est la tête et le chef  1466 » que tout peut être résumé pour comprendre les interventions de l’Eglise dans la société gabonaise à partir de 1990. En tant que corps social, l’Eglise du Gabon intervint dans les mutations démocratiques de la société gabonaise parce qu’elle revendiquait des qualités particulières.

En 1990, L’Eglise catholique du Gabon se présente comme « une société générale et universelle » du fait qu’elle rassemblait tous les baptisés qui professaient cette foi à travers tout le Gabon sans distinction d’age, de nationalité, de couleur, de race et de sexe.

Par conséquent, cette Eglise, et dans une moindre mesure l’Eglise Evangélique du Gabon, était la seule force religieuse du pays possédant une capacité mobilisatrice pour guider la société gabonaise qui était à un tournant important de son histoire.

Deuxièmement, l’Eglise du Gabon en 1990, se définit comme « une société divine, spirituelle et surnaturelle ». De ce fait ses moyens d’action, pour guider les mutations politiques et sociales, ne relevaient pas de l’ordre de la nature mais de la grâce. L’Eglise du Gabon mobilisa ses chrétiens autour des chaînes de prières pour soutenir les changements. Mais aussi et surtout qu’ils se déroulent sans heurts. Au-delà de son caractère spirituel et surnaturel, l’Eglise du Gabon se définit aussi comme « une société visible, externe et humaine » d’autant plus que son champ d’action, n’était pas uniquement cantonné au domaine de l’invisible et à des activités internes. La visibilité et l’humanisme de l’Eglise catholique du Gabon se manifestaient à travers sa hiérarchie, son clergé et ses membres. 1467 .Cette Eglise, en 1990, s’affirmait, clairement, comme celle des Gabonais, faite pour eux et pour tous les hommes vivant dans ce pays.

Par conséquent, l’Eglise du Gabon s’est engagée parce qu’elle se veut « une société publique et légitime ». Elle explique qu’elle ne poursuivait pas uniquement le bien privé de ses membres, mais le bien général de la société gabonaise. L’Eglise catholique du Gabon intervint aussi parce qu’elle se veut « une société juridique, organisée, égale mais hiérarchisée ».

Dans ces mutations politiques et sociales, L’EGlise entend promouvoir la loi d’origine divine, celle inscrite dans la Bible, complétée par les documents conciliaires, pontificaux et épiscopaux.

Enfin, l’engagement de l’Eglise du Gabon dans les mutations de 1990 reposait sur le fait qu’elle se définit comme « une société souveraine ou parfaite, indépendante, nécessaire et volontaire ». Ce caractère de l’Eglise du Gabon constitua une clé de voûte de son engagement. L’indépendance 1468 de l’Eglise du Gabon découlait du fait qu’elle ne pouvait être soumise à la société gabonaise encore moins à l’autorité temporelle (acteurs politiques et les syndicats).

Enfin les interventions de l’Eglise du Gabon en tant que « corps social » se devaient d’être impartiales et elles n’étaient pas dictées par les pouvoirs publics car «  sur le terrain qui leur est propre la communauté politique et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonome  1469 ». Elle voulait partager « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses 1470  ». Ces interventions étaient, de son point de vue un service rendu aux Gabonais.

Notes
1466.

Pie XII, Encyclique Mystici Corporis, du 29 juin 1943

1467.

Lumen Gentium, « Constitution dogmatique : théologie du laïcat » (lire par la suite L.G.)

1468.

Il ne s’agit pas de l’indépendance économique et matérielle.

1469.

Gaudium et Spes N° 76 (Lire désormais G.S)

1470.

G.S N° 1.