La mission puis l’Eglise du Gabon force vive de la nation

Ce travail développe l’idée que l’Eglise catholique a été dans la longuer durée une force vive de la Nation gabonaise. Mais existe t-il une Nation au Gabon ? Bien qu’elle apparaisse toujours en construction, l’idée d’une Nation est vieille au Gabon. Si l’on définit la Nation comme un groupement humain qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun, on peut parler de Nation au Gabon depuis le XIXè siècle.

Si l’on définit la Nation comme une communauté établie sur un territoire délimité et personnifiée par une autorité souveraine, le Gabon est une Nation depuis 1960, comme l’affirme Léon Mba dans le discours lors de la proclamation l’indépendance. Dans l’un ou l’autre sens l’Eglise a contribué à la construction d’une Nation au Gabon.

Pour devenir une force vive de la Nation, elle a été aidée par l’attitude des Gabonais qui ont collaboré à son action dès son installation. Le personnel religieux au Gabon, à quelques exceptions près n’a jamais été inquiété dans son action. Au contraire il a été partout bien accueilli. L’espoir suscité par l’Eglise chez des chefs autochtones gabonais de la côte et à l’intérieur des terres a été grand. Ces derniers, en se convertissant au catholicisme, pensaient conforter leurs pouvoirs et légitimer leur micro entités politiques pour en faire des Etats modernes sur le modèle français. Les ambitions autochtones furent déçuesdans l’immédiat car, après la première guerre mondiale, la Mission déboucha sur la colonisation. Mais à l’issue de la seconde guerre mondiale les missionnaires du Gabon, sans l’avoir programmé, soutiennent les velléités d’émancipation des autochtones.

Les jeunes Gabonais chrétiens, aspirent dès lors aux responsabilités au sein de la Mission, puis au sein de la colonie. L’Eglise est, pour ces derniers, un premier champ d’expérimentation de l’émancipation et de confrontation avec les autorités coloniales françaises. Ces jeunes, formés par l’Eglise, constituent les seules élites modernes disponibles et ils deviennent les chefs et les animateurs de la vie politique naissante dès 1945.

Les autochtones appartenant à l’Eglise protestante sont plus revendicatifs mais ce sont les autochtones issus de l’Eglise catholique, plus nombreux et soutenus par les missionnaires catholiques français mieux, implantés dans la colonie, qui émergent à l’image de Jean Hilaire Aubame et Léon Mba. Mais le lien entre l’éducation reçue chez les missionnaires, engagement dans l’Eglise et le choix de l’action politique divergent aussitôt. Dés 1945 il y a un fossé entre la morale chrétienne reçue et les comportements attitudes politique.