● Sécularisation ou laïcisation

L’un des corollaires de la laïcité au Gabon est la sécularisation qui se traduit par la stabilisation de l’emprise de l’Eglise sur les mœurs, les idées et la morale. Le point de départ de la sécularisation ou laïcisation correspond au régime de Léon Mba en 1960. Elle a été favorisée pendant la période du parti unique du régime de la Rénovation. Les formes de pouvoir autoritaire exercée pendant ces périodes a encouragé la montée massive de l’individualisme, du consumérisme et de l’indifférence religieuse, surtout d’abord dans la classe dirigeante, puis dans les couches populaires.

L’individualisme favorisé par la situation politique et économique du pays, a progressivement ouvert la porte au sectarisme et à un émiettement de la croyance conduisant depuis la restauration des libertés fondamentales en 1990 à toutes les formes d’irrationnel ou de néo-paganisme.

L’attitude et le discours des hommes politique, et des intellectuels ne sont pas étrangers à ce comportement. Au nom de la laïcité, ils encouragent « la privatisation du religieux » notamment le catholicisme au profit des religions traditionnelles Tous les jeunes, ou presque, formés dans les établissements catholiques tournent le dos à l’Eglise, certains ont même flirté avec l’idéologie communiste durant leurs études en France ou en occident. Le rêve que d’autres caressaient d’émerger à travers leur appartenance à l’Eglise catholique fut brisé.

Cette déception a conduit plusieurs à s’appuyer sur les religions traditionnelles mais sans grand succès. Plusieurs membres des différents gouvernements de République depuis 1958 sont catholiques ou protestants, pratiquant ou non, bien peu ont agit en fonction de cette appartenance.

Les hommes politiques et les intellectuels ont contribué à répandre le doute sur les Eglises historiques notamment l’Eglise catholique dont les structures, les dogmes et la discipline (confession, mariage des prêtres, divorce, morale privée) sont contestés. Les mutations sociales sont aussi responsables de cette sécularisation à savoir l’urbanisation non contrôlée, l’exode rural, le libéralisme économique et des mœurs, l’émergence des loisirs, le rôle des médias qui façonnent et forment les esprits. L’Eglise reste largement absente de cesdomaines au Gabon.