● Les défis internes

Malgré la mise en œuvre des dispositions conciliaires et la volonté de la hiérarchie catholique, l’Eglise fait aussi face à des difficultés internes. Si le problème des vocations n’est plus très préoccupant, il reste cependant les problèmes liés à l’œcuménisme et au dialogue inter religieux, l’inculturation et la pratique religieuse. Ces défis internes sont décisifs pour l’avenir. Situé à la frontière entre l’Afrique chrétienne et musulmane le Gabon risque de poser dans quelques années, le problème du dialogue inter religieux avec l’Islam dont les membres sont à leur troisième génération.

Malgré leurs divisions internes, les Eglises évangéliques ou protestantes, pentecôtistes sont actives et les catholiques entretiennent avec elles un œcuménisme sommaire. Les églises du réveil ou indépendantes sont aussi très présentes au Gabon depuis 1990. Celles-ci mènent des campagnes contre l’Eglise catholique et n’hésitent pas à critiquer son dogme et son organisation. Elles attirent une population peu formée au catéchisme catholique. Elles se regroupent pour nouer des relations avec l’Etat. A cause de leur multiplicité l’Eglise catholique n’entretient pas de dialogue avec elles.

Les catholiques gabonais doivent aussi apprendre à vivre les exigences chrétiennes. Ce problème se pose non seulement dans l’engagement politique des chrétiens mais aussi dans la réception du dogme. Il est lié à une formation insuffisante et parfois primaire. Malgré une forte fréquentation dominicale, nombre de chrétiens sont attachés à leurs croyances ancestrales. Le manque de recherches dans le domaine de l’inculturation entretient toujours ce flou. Selon l’expression de l’abbé Jean Pierre Elelaghe « les gabonais sont entre le pétrole et le bwiti ».

Certains religieux arrivés au Gabon dans les années 1990 considèrent même que « le Gabon est encore dans les ténèbres ». Ils se basent sur les confessions et les témoignages de certains chrétiens qui vivent sous l’emprise des fétiches et des religions traditionnelles.

Ceux qui essayent de se démarquer du catholicisme et des rites traditionnels sont en effet attirés par des formes de syncrétisme comme le bwiti. On a aussi observé la naissance des « Eglises catholique gabonaise » dissidentes qui s’appuient sur des formes locales de messianisme. La plus remarquable est « l’Eglise Saint Sauveur du Gabon ». Elles peuvent être comparées au Matsouanisme et Kibanguisme avec la différence qu’elles n’ont pas encore d’ambition politique ou, du moins, elles n’interviennent pas encore sur ce terrain.