Existe et prolifère tout un répertoire qui se proclame campagnard, permettant la reviviscence ou la mise en scène des thèmes qui constituent le mythe arcadien auquel s'identifient aristocrates et personnes de qualité.
Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, on trouve l'esquisse d'une caractérologie morale du berger arcadien tout occupé de dialogues amoureux, de séduction et de galanterie. Il se doit d'être innocent, délicat et naïf, d'être simple donc d'éviter le pompeux, il doit être doux, il est gracieux 1 .
Telle devra aussi être cette musique toute imbibée des thèmes arcadiens ; dans sa composition comme dans son interprétation, elle fait appel à ces vertusdont serait doté le berger arcadien et qu'elle voudrait exprimer, (alors que la musique émancipée s'appuiera sur les règles, sur un langage technique dégagé de la mythification.). Bollioud parlera des « pièces fugitives qui faisaient le délice des gens de goût » (au sens spécifique) « où la nature s'exprimait d'un ton si naïf et si aimable » 1 .
Le morceau musical doit être construit pour que l'interprète et l'auditeur s'identifient au berger arcadien et à ses vertus (et non au paysan français dans sa réalité), selon un « réseau de correspondances » 2 qui pourra être d'une grande subtilité.
On pourrait dire de ce répertoire qu'il est composé de deux sous-ensembles.
DIDEROT, Denis, et d'ALEMBERT, Jean, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, art. « Pastorale » (signé D.J., attribué à Jaucourt, Louis de). Voir chapitre 1, section : 1.2. : Le pastoral et le champêtre sous le règne de Louis XV.
BOLLIOUD de MERMET, De la corruption du goûst dans la musique française, Lyon, 1746. Fac simile : Genève, Minkoff, 1991, p.19.
L'expression est de Pierre Saby (Vocabulaire de l'opéra, Paris, Minerve, 1999, p.80).