2.2.1.1. Les danses

Il s'agit des danses ou des suites de danses considérées comme populaires ou d'origine populaire, évoquant la fête villageoise et les plaisirs champêtres.

Montéclair considérera qu' « il n'y a point de sorte de musique plus propre à former le goût et à faire sentir les différents mouvements que les airs à danser. » 3 Il faudrait les jouer « d'une manière vive, enjouée, galante, animée, brillante » 4 nous dit Brossard qui déclare aussi à propos de la Villanella (qu'il considère comme une danse typiquement paysanne ce que rappellerait son étymologie) : « il y en a de très jolies, elles ont je ne sais quoi de fort gai et de fort réjouissant » 5 . Ces airs « sont toujours gais et divertissants » dit aussi Lacombe 6 .

Rappelons le nom des principales danses campagnardes ou pseudo-campagnardes (c'est à dire inventées pour « faire champêtre ») que l'on trouvera utilisées dans le répertoire qui nous intéresse. Il s'agit, selon Jean Christophe Maillard de la bourrée, du branle, de la contredanse, de la gigue, de la paysanne, du rigaudon, du tambourin, de la vielle, de la villageoise et de la villanelle 1 Ecoutons aussi Françoise Dartois-Lapeyre relèvera le nom des danses utilisées dans les différentes pastorales de l'époque baroque :

‘[Les bergers] « entrent généralement en scène au son d'une marche, puis se rassemblent à l'ombre pour les rigaudons , la bourrée des pasteurs et les passe-pieds Le passe-pied, qui faisait à l'origine partie des danses nobles des bals de cérémonie, est devenu dans la pastorale une danse vive, équivalente au menuet, mais jouée considérablement plus vite pour les bergers. Dans Zéphire et Flore [de Lulli], il précède une bourrée en rondeau , et il est immédiatement suivi d'un menuet de deux rigaudons , danses à l'allure gaie et sautillante, qui terminent le prologue. Leurs danses tirent parfois leur nom des instruments : le tambourin provençal à deux temps, vif et mouvementé exprime la joie des Fêtes d'Hébé [de Rameau] et devient le pas favori de Camargo; la musette de Callirhoé [de Destouches] et des Amours de Prothée [de Gervais], un peu lente, présente un caractère naïf et doux… ».’

Ces danses sont significatives du caractère gai, enjoué et simple que l'on veut emprunter au berger arcadien et qu'expriment non seulement les danses populaires mais aussi celles qui sont inventées par des compositeurs en imitation du populaire. On devrait y joindre des airs apparentés, bien que non dansés, comme les fanfares et les marches.

Notes
3.

MONTECLAIR, Michel Pignolet de, principes de musique divisés en quatre parties, Paris, 1736, p.36.

4.

BROSSARD, Sébastien de, Dictionnaire de musique, Paris, Ballard, 1703. Fac simile : Minkoff 1992, art. « brillante ».  

5.

Ibid, art. « Villanella ».

6.

LACOMBE, Jacques, Dictionnaire portatif des beaux arts, Paris, 1752, art. « Villanelle ».

1.

Dans sa thèse intitulée l'Esprit pastoral et populaire dans la Musique française baroque pour instruments à vent, 1660-1730, Jean Christophe Maillard dresse la liste des « diverses appellations de pièces à caractère chorégraphique ou descriptif », et en fait l'analyse (p.769/830).