2.2.1.2. Les airs tendres ou lents.

D'un certain côté, ce deuxième répertoire est complémentaire du précédent, mais nous aurions tendance à le considérer comme plus fondamental. En effet, il nous paraît être au cœur de l'ethos arcadien, de par la forme mélodique empruntée, mais surtout en raison du traitement musical qu'il reçoit. On verra que ces mélodies simples, faites pour être jouées ou chantées plutôt lentement, avec grâce et tendresse, encouragent le compositeur comme l'interprète à utiliser les sons enflés et la panoplie des agréments propres à la « baroquisation ».

Ce répertoire comprend plusieurs types de pièces. Les brunettes, forment un genre revisité par Lambert si on en croit Blainville : « Le premier homme en France qui tira la musique de la masse informe du contrepoint, qui forma des chants agréables, fut Lambert ; les brunettes furent les premiers rayons de goût qui commencèrent à peindre [sic]; à ces airs ils ont su faire des basses harmonieuses ; mais jusque là, ce n'était que des brunettes » 1 . La chansonnette est une « petite chanson, chanson jolie, tendre, amoureuse, pastorale » 2 . Parlant de la musette, Rousseau 3 relève « le caractère naïf et doux, le mouvement un peu lent, portant une Basse pour l'ordinaire en tenue ou point d'orgue ». De la chanson, « on peut seulement dire que l'élégance et la naïveté font les principales beautés d'une chanson » nous dit Lacombe 4 . La pastorale, selon Brossard 5 qui reprend la définition de Lacombe 6 , « est une musique, un chant qui imite celui qu'on suppose aux bergers pour la tendresse, la douceur et le naturel ».

Les chansonnettes, airs, musettes, pastourelles, ariettes font (ou peuvent faire) partie du même ensemble. Les danses lentes, généralement très ornementées sont à rattacher à ce répertoire : ainsi la sarabande, certaines allemandes, courantes et gavottes.

Notes
1.

BLAINVILLE, Charles Henri de, L'esprit de l'art musical ou réflexions sur la musique et ses différentes parties, Genève, 1754. Fac simile : Genève, Minkoff, 1974, p. 33.

2.

FURETIERE, Antoine, Dictionnaire universel, Paris, 1690, art. « Chansonnette ».

3.

ROUSSEAU, Jean Jacques, Dictionnaire de musique, Paris, 1768. Fac simile : Genève, Minkoff, 1998, art. « Musette ».

4.

LACOMBE, Jacques, Dictionnaire portatif des beaux arts, Paris, 1752, art. « Chanson ».

5.

BROSSARD, Sébastien de, Dictionnaire de musique, Paris, Ballard, 1703. Fac simile : Minkoff 1992, art. «Pastorale ».

6.

LACOMBE, op. cit. art. « Pastorale ».