Dans son Essai, Nicolas Ragot de Grandval cherche à former le goût des gens de qualité qui écoutent la musique. Il tient des propos qui pourraient aussi s'appliquer aux interprètes amateurs, notamment aristocrates. Citant une phrase que Molière prononce par la bouche du marquis de Mascarille 2 , il écrit : « Une personne qui a envie de juger des ouvrages de nos compositeurs, ne doit pas croire comme le marquis de Mascarille que les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris. On doit apprendre la musique au moins médiocrement et ne pas s'imaginer qu'une Tierce et un Triton sont la même chose, à cause que ces mots ont du rapport » 3 . Mais Grandval, sans doute conscient de la difficulté de la tâche à entreprendre, se bornera à recommander l'acquisition de connaissances élémentaires comme savoir distinguer les modes majeur et mineur.
A partir d'une position de savoir et de compétence (donc d’un primat de la raison) ou faisant appel à ce qui pourrait prendre la forme d'une connivence culturelle, les auteurs cités tournent en dérision le rustique (qui n'est pas l'arcadien), en font un simple effet de mode, et pourfendent l'ignorance de musiciens sans connaissances.
La prise en compte du corpus complémentaire formé par les textes critiques ou polémiques dirigés contre les excès, nous permettra de vérifier et de compléter cette analyse.
MOLIERE, Les précieuses ridicules, 1659.
GRANDVAL, op. cit. p.12/13.