Nous avons vu que cette musique, qui relève d'une culture du mythe arcadien, se doit d'être champêtre et pastorale ; elle doit correspondre à la représentation que l'époque se fait du berger idéalisé dont elle voudrait emprunter les traits conventionnels de caractère. Elle devra donc « flatter l'âme » 3 , être naturelle, simple, naïve, faire appel aux sentiments, aux émotions, à la sensibilité, au « génie », à la tendresse, à la sensualité …et promouvoir un style « amoureux » en adoptant les postures de la séduction.
On dira fréquemment de cette musique qu'il faut la jouer « selon le goût ». Ce dernier terme, utilisé dans ce sens que nous appelons spécifique, nous semble devoir être considéré comme un système gestionnaire de la musique arcadienne. Il est à deux faces ; « selon le goût » désigne un répertoire particulier dans lequel prend forme la musique arcadienne, mais aussi une façon de l'interpréter qui s'éloigne des règles et repose avant tout sur la sensibilité.
« La naissance de Vénus. Cantatille à voix seule et symphonie… » par M. Légat de Furcy, Semaine littéraire, 1759, p.302, (auteur non désigné).