2.6.6. J.J. Rousseau et les musiques française et italienne.

Selon l’époque, Rousseau varie dans ses jugements.

2.6.6.1. Lettre sur l'Opéra Italien et Français.

Dans cette œuvre, Rousseau admet la valeur des deux musiques : « La Musique italienne a son genre particulier, et la française le sien, et que la différence qui s'y trouve n'admettant pas la comparaison, elles doivent passer pour également bonnes, chacune dans leur genre » 1 . Mais la préférence de Rousseau va clairement à la musique française. Il reconnaît à la musique italienne un « caractère brillant » mais il va lui reprocher sa froideur, sa beauté rationnelle, à l'opposé d'une musique française qui émeut parce qu'elle parle à la sensibilité. Donnons-lui la parole :

‘« La musique Italienne me plait souverainement, mais elle ne me touche point, la Française ne me plait que parce qu'elle me touche…Si la musique est faite pour plaire seulement, donnons la palme à l'Italie, mais si elle doit encore émouvoir tenons nous en à la nôtre…Jamais toute la divine musique Italienne sur ces grands et pompeux théâtres n'a pu se vanter, je ne dis pas d'arracher une larme, mais de causer la moindre émotion aux scènes les plus touchantes, on y est toujours d'un tranquille glacé, on y fait l'analyse des sons qu'on entend… ». ’

Musique des sentiments contre musique de la raison, musique tendre contre musique brillante, nous retrouvons chez le premier Rousseau une opposition identique à celle que nous proposons.

Notes
1.

ROUSSEAU, Jean Jacques, Lettre sur l'opéra italien et français, 1745, Œuvres complètes, Tome V, Paris, Gallimard, Coll. La Pléiade, 1995, p.254 et 255.