3.3.1.1. Tradition orale, tradition écrite

Dans un travail très éclairant pour notre sujet, Jean-Christophe Maillard distingue deux séries d'agréments. Il y a ceux qui proviennent d'une tradition orale, que même les musiciens du roi devaient connaître car « ils ne pourront jamais oublier leurs racines paysannes » et ont été « imprégnés par des pratiques orales » 2 . Ces agréments sont ensuite modifiés, sophistiqués, transformés « en un art subtil et raffiné ». Dans notre propre langage, nous dirions de ces agréments qu'ils sont empruntés au rustique, mais recréés, dans le processus de baroquisation, pour signifier ce champêtre qui n'est pas le rustique. Selon Maillard, « les ports de voix, les coulés, les chutes et en moindre mesure les diminutions » 3 font partie de cette série. Mais selon notre auteur, il existe une autre série d'agréments : « Une fois ces effets vocaux exploités, de nouveaux furent ajoutés [souligné par nous], développant les précédents (coulade, passage, tour de gosier), empruntant à la technique instrumentale (tremblement, flatté, trait, balancement) ou encore utilisant des effets propres à la déclamation accent, sanglot) » 4 .

La distinction proposée par Maillard montre bien le jeu complexe, entre attachement et détachement, qui s'établit dans le monde de la musique française baroque, concernant le rustique, le champêtre et l'émancipé.

Notes
2.

MAILLARD, Jean-Christophe, « Imaginer la musique du peuple et les traditions orales au XVIIIe siècle », Analyse musicale, 4e 2001, p.4/19, p.17.

3.

Ibid, p.17

4.

Ibid, p.17.