4.2. La vielle villageoise

Depuis le XIXe siècle la vielle est associée aux bals traditionnels tels qu'ils se pratiquaient dans les fêtes villageoises avec le concours d'instruments à danser.

4.2.1. La vielle avant le temps du baroque

On pense tout naturellement, qu'avant la période baroque, la vielle est déjà un instrument paysan dont la vocation est de faire danser. Cette idée est partagée par certains chercheurs qui ont écrit des ouvrages de synthèse sur la vielle à roue. Nous ne la contestons pas, mais nous voudrions la relativiser.

Certes, cette fonction d'instrument à danser pour fêtes villageoises est attestée. Ecoutons Briqueville ¹ : « Dans son traité de la danse, imprimé en 1536 et rédigé en latin macaronique, le Provençal Antonius Arena cite, au nombre des instruments propres à animer suos compagnones, la vielle, qu'il appelle fonfonia ».

D'autre part, le Pantagruel de Rabelais « pour les faire danser, loua un aveugle qui leur sonna la note avec sa vielle ». Dans L'histoire comique de Fancion, publiée en 1623, C. Sorel ² écrit : « Le soupé fini, on fit jouer au vielleux toutes sortes de danses, et les jeunes hommes qui étaient là montrèrent la disposition de leurs corps au son d'un agréable instrument ».

En 1690, donc avant l'entrée de la vielle dans le monde de la musique baroque, Furetière indique, dans son Dictionnaire universel ³ , que « les vielleurs vont jouer de porte en porte pour faire danser les servantes, les enfants, les paysans ».

S'appuyant sur un texte de Bourguevilles datant du XVIe siècle, Palmer ¹ indique qu'en Normandie vaudevilles et ballets sont joués à la vielle à roue. Le même auteur rappelle que l'ouvrage de Monteil ² , intitulé Le Vielleur d'Amiens et datant du XVIe siècle, fait état d'un joueur de vielle auvergnat voyageant dans toute la France avec ses quatre fils dansant branles et bourrées au son de l'instrument joué par leur père.