Pendant la période baroque, mais indépendamment du monde aristocratique, la vielle continuera à faire danser en milieu villageois ou populaire. Dans le Don Juan de Molière, on retrouve cette contextualisation de l'instrument ; Pierrot, le paysan, l'utilise comme objet de fête, participant à sa stratégie de séduction de Charlotte : « je fais jouer pour toi les vielleux quand ce vient ta fête ».
Hollinger 1 cite Le voyage sentimental de Sterne, qui nous décrit une scène édifiante, se passant dans une auberge du Bourbonnais vers 1750 :
‘« Le souper fini, le vieillard frappa sur une table avec le manche de son couteau, pour leur dire de se préparer à la danse…Le vieillard avait été, quelques cinquante ans auparavant, un joueur de vielle non sans mérite, et, à l'âge où il était arrivé, il en touchait encore assez bien pour la circonstance. Sa femme, de temps en temps, chantait un peu pour l'accompagner, tandis que leurs enfants et petits enfants dansaient devant eux…Plus tardivement, la vielle continue à être associée aux fêtes campagnardes. Le livret de l'œuvre musicale de Nicolas-Marie Dalayrac, Les deux petits savoyards 2 , jouée devant le roi en 1789, fait état d'une vielleuse restée à deux lieux de Paris « chez un fermier qui marrie sa fille ». Pour gagner sa vie, « elle joue de la vielle pour vous servir ».
Il en sera de même pendant la révolution, la vielle sera toujours utilisée pour faire danser :
‘« Voilà la place de l'orchestre… grimpez là dessus… et vive la joie. Trois paysans jouant du tambourin de la musette et de la vielle montent sur un banc ; on danse, faribole, ça n'est pas amusant du tout, cette danse-là c'est toujours la même chose » 1 .’HOLLINGER, Roland, Les musiques à bourdon, vielles à roue et cornemuses, Paris, La flûte de Pan, 1982, p.72/73.
DALAYRAC, Nicolas-Marie, Les deux petits savoyards. Œuvre X, 1789. Le livret est de M. MARS… des V… (Marsollier des Vivetières).
PIXERECOURT, René Charles Gilbert de, Coelina ou l'enfant du mystère, 15 fructidor an VIII, (B.N.F. 1961).