4.3. L'engouement pour la vielle.

Cet engouement dure à peu près 40 ans, entre 1725 et 1765. Il fut aussi intense que bref. Terrasson ¹ , auteur, en 1741, d'une « dissertation » consacrée à la vielle, la conclut par la phrase suivante : « La prodigieuse quantité de Musique nouvelle que l'on compose pour elle, l'augmentation d'habileté que nos Maîtres de vielle acquièrent eux-mêmes par une pratique continuelle, tout nous assure que le Règne de cet instrument sera durable ». Mais Robert Green ² fait remarquer que ces propos optimistes ne sont plus de mise dans une réédition en date de 1768 ; Terrasson les remplace par une phrase un peu nostalgique : « Mais, malgré tout cela, la vicissitude des choses humaines, qui influe sur les instruments comme sur toutes les autres choses de la vie, a fait un peu tomber les musettes et les vielles ». Le même glas est sonné par Kastner faisant retour, un siècle après Terrasson, sur l'histoire de l'instrument : « Mais les railleries dont ce caprice [jouer de la vielle] fut l'objet de la part des amateurs qui se piquaient de bon goût, détermina de nouveau l'abandon de l'instrument. Loin d'être réhabilité, il retomba de plus belle dans le domaine de la musique des rues, pour en devenir le gagne-pain des petits savoyards » ³ . A la fin du XVIIIe siècle, la mode est passée, exit la vielle à roue des milieux aristocratiques.

Toute une série d'informations convergentes ¹ participe à montrer tout l’intérêt que les personnes de qualité portent à l'instrument sous le règne de Louis XV. Marie Leszczynska, reine de France touche la vielle et fait venir des virtuoses pour donner concert. Certains pensent qu’Adélaïde, sa fille, en joua aussi. L'instrument est retenu plusieurs années dans les prestations du Concert Spirituel ² .