On s'accorde à penser que les valeurs attribuées depuis longtemps aux Savoyards sont un courage admirable dans l'adversité, l'attachement aux traditions, un sens élevé de la famille qui demeure une cellule très unie malgré les séparations.
Mercier 1 écrit, un peu avant la révolution, en 1781, un ouvrage « sociologique » particulièrement critique en ce qui concerne ce que la société donne à voir d'elle-même en cette fin de siècle ; il sera du reste mis en danger par cette publication contestataire. Pour sa démonstration il utilise le personnage du petit savoyard, présenté comme un idéal admirable, tout le contraire de ce que montrent « les gens de qualité ». Ecoutons-le : « Ils [les enfants savoyards] épargnent sur le simple nécessaire, pour envoyer chaque année à leurs pauvres parents. Ces modèles de l'amour filial se trouvent sous des haillons, tandis que les habits dorés couvrent les enfants dénaturés ».
En 1789, Nicolas-Marie Dalayrac 2 présentera devant le roi une oeuvre dont le livret met en scène deux petits savoyards de grande vertu, dont la mère joue de la vielle. Ils montrent, dans l'adversité, de telles qualités morales qu'il faut bien qu'on les découvre à la fin de l'œuvre orphelins et de naissance noble. Dieu y retrouve les siens.
MERCIER, Louis Sébastien, Le tableau de Paris, 1781, Hambourg : Chez Vin Chaux & Compagnie et se trouve à Neuchâtel, chez Samuel Fauche, 1781
DALAYRAC, Nicolas Marie, Les deux petits savoyards. Œuvre X. Le livret est de M. MARS… des V …, (Marsollier des Vivetières), 1789.