7.5. Conclusion

Le petit savoyard est un pauvre qui occupe une position ambiguë entre travail et mendicité. On peut penser que la vielle, instrument de mendicité qui apitoie, aurait pu être correctement jouée, suffisamment en tout cas pour que s'improvise une ébauche ou un semblant de spectacle de rue.

Dans le prolongement de notre chapitre consacré à L'instrument truand, il semble d'autre part que cette figure du petit savoyard, enfant, exilé, mendiant mais travailleur, pourrait bien être une définition du « pauvre de Dieu » que l'aristocrate pourra reconnaître et accepter. Il réconcilie l'aristocrate et le miséreux en présentant une image « sanctifiée » de ce dernier, à l'opposé du « pauvre du diable » qu'il faudrait rejeter ou même détruire. Ainsi la vielle qu'il joue serait en quelque sorte décontaminée par les vertus morales, digne d'être touchée par la main de l'aristocrate, elle ne serait plus instrument truand.