8.2. Les musiciens baroques

8.2.1. Les musiciens de l'époque de Mazarin à l'époque de Louis XV.

C. Massip 1 conclut son ouvrage consacré aux musiciens au temps de Mazarin par une typologie des musiciens comprenant trois niveaux :

‘« A la base un premier groupe, le plus important et le plus démuni, comprend la masse des joueurs d'instruments et certains musiciens de l'Ecurie. Ce sont de petites gens proches de la mentalité populaire », peu cultivéset dont les moyens d'existence sont très précaires.’

Mais, conformément à ce que nous avons déjà indiqué, les vielleux ne font pas partie de ce premier groupe, ils sont en quelque sorte en deçà, « à la frontière de la misère » 2 ou ayant basculé dans celle-ci.

‘« A un niveau intermédiaire, le second groupe, numériquement moins grand, occupe une situation comparable à celle des petits marchands…Il comprend d'une part des musiciens de la Maison du roi comme les joueurs de violon, quelques musiciens de l'Ecurie, d'autre part des musiciens étrangers à la musique du roi […] et quelques maîtres joueurs d'instruments…
Ils reçoivent les qualités de honorable homme ou de bourgeois de Paris…Ils témoignent d'un certain goût pour les choses de l'esprit. Il semble que ce groupe corresponde socialement et intellectuellement au moule dans lequel vont se fondre tous les musiciens du roi pendant la période suivante qui voit leur installation à Versailles » 3 .

Au sommet, « un groupe très restreint de musiciens appartenant à la Chambre et parfois à la Chapelle du roi » 4 . Ils sont fortunés, jaloux de leurs privilèges, et jouissent de la position sociale de noble homme ou de Sieur de. Ce groupe aspire à une situation d'aristocrate et s'identifie au mode de vie de la cour. En cela, il est le précurseur du mouvement qui va s'accentuer au XVIIIe siècle de façon notable.

En 1971, Marcelle Benoit publie son travail sur les musiciens du roi entre 1661 et 1733, époque immédiatement antérieure à celle qui nous intéresse. « Le musicien, écrit-elle, appartient à une petite bourgeoisie laborieuse, fidèle au prince, peu frondeuse, sensible aux honneurs, économe, peu instruite » 1 . Par rapport à ce qu'écrit C. Massip de la situation des musiciens sous Mazarin, on a l'impression d'une plus grande homogénéité sociale, du côté du renforcement d'une classe moyenne.

Selon M. Benoit, compte tenu de quelques exceptions notables comme François Couperin, ces musiciens sont peu cultivés. Formé par un apprentissage de type artisanal, le musicien n'est guère initié « à la critique, à la discussion des styles, à la dissertation qui ouvre sur le monde des idées. De nos jours nous qualifierions sa formation de "primaire" » 2 .

Notes
1.

MASSIP, Catherine, La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin, Paris, Picard, 1976, p.135/137.

2.

Ibid, p.122.

3.

Ibid, p.135/136.

4.

Ibid,p.136.

1.

BENOIT, Marcelle, Versailles et les musiciens du roi 1661-1733, Paris, Picard, 1971, p.287.

2.

Ibid, p.80.