8.2.3. Violon et la vielle à roue

A la lecture de l'ouvrage de Marcelle Benoit, on retire l'impression que l'évolution de la place sociale du violon pourrait bien être quelque peu parallèle à l'évolution observée concernant la vielle.

Les « vingt-quatre violons », bien qu'officiers de la Chambre, sont d'abord mal considérés ; « Chacun sait qu'hier encore ils se louaient comme ménétriers chez les bourgeois, dans les noces et banquets, dans les foires. De plus ces hommes fréquentent les danseurs auxquels ils montrent les pas […]. Cela sent bien le baladin, et le courtisan prononce ce mot avec un certain dédain » 2 .Or cette proximité avec la danse se remarque aussi, mais partiellement, pour ce qui est de la vielle, et, quand il s'agit de tourner la ménestrandise en dérision, on considérera qu'elle est constituée de vielleux. Couperin a brillamment illustré ce parti pris, nous allons bientôt y revenir.

Parmi les arguments soulevés par Marcelle Benoit pour expliquer l'ascension sociale du violon, il y a l'influence de Lully, violoniste prodige, qui plaît au jeune Louis XIV. Or nous aurons bientôt à considérer la place occupée par les virtuoses dans la mutation aristocratique de la vielle à roue.

Il y a aussi « l'installation des violons à la Chapelle, prouvant que l'instrument de la danse pouvait trouver à s'employer au culte » 3 .De même, dans un cheminement identique, nous verrons des virtuoses de la vielle invités au Concert Spirituel pour y faire entendre des Noëls.

D'autres arguments sont purement musicologiques ; nous y reviendrons lorsque nous comparerons ce que Mersenne dit du violon avec la mutation que subit la technique du jeu de la vielle à roue.

Notes
2.

BENOIT, op. cit. p.287.

3.

BENOIT, op. cit. p.288.