8.3. François Couperin et l'axe généalogique

8.3.1. La famille Couperin

La musique est très présente dans la famille de François Couperin depuis au moins l'arrière-grand-père de celui-ci, et à des places très différentes. Il y a d'abord Mathurin Couperin, l'arrière-grand-père de François, qui exerce les fonctions de « laboureur, marchand, praticien, procureur de la seigneurie de Beauvoir en même temps que celle de maître joueur d'instruments » 1 . Il y a aussi Charles l'ancien, grand-père de François, qui « outre son métier de vigneron, est également tailleur, marchand et bien sûr maître joueur d'instruments tant hauts que bas et hautbois ». Ce sont des ménétriers exerçant plusieurs professions pour assurer leur survie, ce qui était coutumier ; ils n'en sont pas moins dépositaires d'un brevet octroyé « de par le roi des violons » et Mathurin transmettait la maîtrise à des apprentis 2 .

La génération suivante, celle des parents de François, « monte » à Paris et trois frères au moins font carrière dans la musique. Le statut change : Louis est « ordinaire de la musique de la chambre du roi » ; François, dit « l'ancien » joue de l'orgue et du clavecin, (instruments à clavier, aristocratiques de réputation) ; Charles II est violiste, organiste et claveciniste. Selon la généalogie dressée par E. Kocévar 3 , dans la génération postérieure, celle de François Couperin le « grand », il y a au moins trois organistes et une chanteuse. Ainsi disparaît l'ancrage dans la ménestrandise, les Couperin sont entrés dans cette nouvelle famille de musiciens bourgeois qui tentent de rejoindre l'aristocratie et s'identifient à elle, à travers son mode de vie et ses valeurs.

Cette transformation est certainement difficile à assumer psychologiquement ; et le nouveau musicien peut être la risée d'une personne de qualité qui moquera en lui « ce qui fait peuple ». Ainsi François l'ancien, l'oncle du compositeur célèbre, est-il portraituré de façon humoristique par Titon du Tillet : « C'était un petit homme qui aimait fort le bon vin, et qui allongeait volontiers ses leçons quand on avait l'attention de lui apporter près du Clavecin une carafe de vin avec une croûte de pain, et une leçon durait ordinairement autant qu'on voulait renouveler la carafe de vin. Il périt malheureusement dans sa soixante dixième année, ayant été renversé dans une rue par une charrette, et s'étant cassé la tête en tombant » 1 .

Notes
1.

CHARLES-DOMINIQUE, Luc, Les ménétriers français sous l'ancien régime, Paris, Klinckieck, 1994, p.98.

2.

BEAUSSANT, Philippe, Couperin, Paris, Fayard, 1980, p.92.

3.

KOCEVAR, Erik, Article « Couperin», Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIII e siècles (sous la direction de M. Benoit), Paris, Fayard, 1992.

1.

TITON du TILLET, Evrard, Le Parnasse Français, Paris, 1732, p.403.