8.3.5. Les fastes de la grande et ancienne Mxnxstrxndxsx

On pense généralement que c'est à cette époque (bien que l'ouvrage soit seulement publié en 1717) et dans le feu de l'action judiciaire, que Couperin écrit, pour le clavecin, Les Fastes de la Grande et Ancienne Mxnxstrxndxsx. Le titre feint de masquer le nom de la corporation comme pour mieux permettre à l'auteur de la tourner en dérision en faisant semblant d'avoir peur de l'attaquer. Cet ensemble comporte cinq « actes » composés de courtes pièces satiriques intitulées Les notables et jurés Mxnxstrxndxsx. Les Vielleux et les Gueux. Les Jongleurs, Sauteurs et Saltimbanques, avec les Ours et les Singes. Les Invalides ou gens Estropiés au service de la Grande Mxnxstrxndxsx. Désordre et déroute de toute la troupe, causés par les Yvrognes, les Singes et les Ours.

C'est une attaque humoristique en règle à laquelle se livre Couperin. Il assimile gueuserie et ménestrandise, et cette dernière est présentée comme une corporation déchue dont les membres ne sont plus des bourgeois mais de misérables gueux. Ivrognes, montreurs d'animaux et autres bateleurs sont convoqués pour désigner cette déchéance, mais aussi la vielle à roue, seul instrument de musique cité. Couperin utilise pour l'occasion le lien historique entre vielle et gueuserie, pour assimiler gueuserie et pratiques musicales d'une ménestrandise déshonorée.

Les Fastes de la Grande et Ancienne Mxnxstrxndxsx sont composées de pièces « imitatives », elles se présentent comme descriptives. Couperin donne l'impression de déployer une fresque devant l'auditeur, en jouant d'une connivence sonore entre la musique que joue le clavecin et certaines caractéristiques de l'univers sonore dans lequel baignent les gueux, ce qui a pour objectif de les faire advenir sur la scène des quatre « actes » de cet « opéra ».

Nous reviendrons en détail sur ce procédé utilisé par Couperin. Celui-ci l'applique à la vielle des mendiants et l’analyse des deux airs qu'il propose alors pourrait bien nous permettre de mieux comprendre quelle représentation Couperin a de l'idiome de la vielle des gueux et quel type de musique lui conviendrait particulièrement 1 .

Notes
1.

Voir chapitre 20, sous-section 20.2.2. : Couperin : « Les Vieleux et les Gueux ».