8.4. Conclusion

Parlant des musiciens professionnels, puis nous attachant plus particulièrement à la personnalité de François Couperin, nous considérons que le musicien professionnel, qui, à l’époque baroque, fait partie de la bourgeoisie, se trouve écartelé entre deux forces antagoniques. L'une l'attire vers ce qu'il veut fuir : une régression sociale qui l'identifierait à la ménestrandise décadente de l’époque et l'entraînerait du côté d'un statut misérable. L'autre l'aspirerait vers l'aristocratie à laquelle il aimerait être identifié dans un statut de personne de qualité.

La baroquisation représente, disons-nous, une tentative pour s'appuyer sur le populaire mais en le transformant, pour convoquer le rural tout en le déniant en se rangeant du côté de l'aristocrate, et passer ainsi du rustique au champêtre. Ainsi est-elle une réponse ou une tentative de réponse à cette tension entre deux forces sociales qui s'opposent.

Il est bien étrange de voir alors la vielle à roue en état d'occuper les deux extrémités de « l'ascenseur » social : être l'instrument du musicien déchu proche de la misère, mais aussi être l'instrument du musicien ayant réussi à trouver place dans l'univers des aristocrates 1 .

Notes
1.

Ce musicien là sera surtout un interprète virtuose de l’instrument. Nous y reviendrons en détail dans notre prochain chapitre, section 9.4. : Les virtuoses.