9.1.4. Une confrontation avec l'iconographie.

Les éléments d'analyse dont nous venons de faire état peuvent être discutés à partir d'une recherche iconographique que nous présentons plus en détail en annexe A.

Est confirmée l'hypothèse selon laquelle la vielle est principalement jouée par des femmes, du moins en ce qui concerne la vielle dite baroque (en forme de guitare ou de luth) qui est la vielle de deuxième génération. On trouve 88% de joueuses contre 37% de joueurs. En revanche la vielle qui se pratique en début de XVIIIe siècle (de forme trapézoïdale) est surtout entre les mains des hommes (63% de joueurs, 12% de joueuses).

Dans la même recherche nous posons la question de la fonction attribuée à la vielle. Dans 41% des cas, la vielle paraît être seulement un accessoire pour un simple portrait ou une sorte de parure, un faire-valoir pour la personne que l'artiste représente. Dans 20% des cas, elle est intégrée à une scène de séduction amoureuse, comme un « objet galant ». C'est seulement dans 14% des cas qu'un projet musical semble évoqué et que certains indices (présence de partitions, autres instruments) montreraient que celui (ou surtout celle) qui tient la vielle en joue vraiment et qu'il y aurait donc production musicale.

Nous avons donc à retenir deux hypothèses. Le duo vielle à roue/musette peut être envisagé comme une mise en scène « spectaculaire », non musicale parce que surtout visuelle , utilisant deux accessoires (que l'on peut très secondairement désigner comme instruments de musique), pour mettre en place une scène de séduction suffisamment masquée par la mauvaise foi pour éviter les censures (sociales et personnelles). Dans une autre perspective, ce duo peut aussi être considéré comme une pratique musicale exprimant ou mimant un dialogue de séduction mais à travers et à partir de la musique.

Notre travail montre qu’il existe bien une pratique musicale de la vielle, mais cette hypothèse est naturellement compatible avec l’existence d’un emploi mondain de l’instrument, mis au service d’un paraître ou d’un marivaudage.