Curieusement, paradoxalement, ce que Rousseau pense de la musique française après 1745, son apologie de la sensibilité et de ce qu'il appelle le génie nous rapproche de ce que nous venons de dire concernant l'aristocratie 4 . Rousseau pense que l’essentiel en musique est l’émotion ressentie et communiquée et que celle-ci s’exprime à partir d’un don naturel. Si d’un côté le « sang bleu » octroierait une supériorité de droit, de l'autre, selon le point de vue de Rousseau, ce qu'il y a de « génie » chez l'homme, aboutirait à promouvoir une musique simple, dont la composition comme l'exécution ne nécessiteraient pas, comme préalable, une compétence technique de haut niveau acquise par un long apprentissage.
Rousseau servirait donc indirectement, en lui donnant justification, cette conception de la vielle à roue comme instrument peu sophistiqué, dont l'intérêt est de produire de la musique aisée à interpréter, satisfaisant la sensibilité sans passer par un travail technique exigeant.
Resterait à savoir si Rousseau a effectivement pratiqué la vielle à roue. Certains le pensent, à partir d’un document iconographique particulier qui ferait preuve : « Jean-Jacques Rousseau, dans sa jeunesse, est représenté en peinture, avec une magnifique vielle en corps de luth » 1 . Remarquons toutefois que la mention « Rousseau » est surajoutée sur la toile, qu’il s’agit d’un patronyme très courant et que le visage du personnage n’évoque guère les traits du visage que l’on connaît à Jean-Jacques tels qu’ils sont représentés sur d’autres tableaux, cependant réalisés, notons le, alors qu’il était plus âgé.
Voir chapitre2, sections 2.3. : La musique arcadienne et section 2.6.6 : J.J. Rousseau et les musiques française et italienne
CHASSAING, Jean-François, La vielle et les luthiers de Jenzat, Combronde, Aux Amoureux de Science, 1987, p.13. L’auteur reproduit cette œuvre anonyme.