9.4.1. La Roze et Janot

Terrasson 2 souligne l'importance que prend dans le monde des gens de qualité un joueur de vielle nommé La Roze, vers 1670/1680 donc au milieu du règne de Louis XIV : « toute la Cour voulut entendre La Roze, et je ne doute pas que la manière dont il jouait de la vielle n'ait contribué à former dés lors un grand nombre de partisans de cet instrument ». Simultanément, un certain Janot « s'acquiert encore plus de réputation […]. Il exécutait d'ailleurs quelques morceaux les plus connus des Opéra de Lully, tels que la Descente de Mars, et autres semblables dont l'exécution était alors regardée comme très difficile ».

Ces deux virtuoses ont obtenu un grand succès d'estime ; leurs prestations publiques leur ont valu une éminente réputation. Toutefois, ils n'ont pas, semble-t-il, participé à une mise à la mode durable de l'instrument. Il était trop tôt, et le siècle de Louis XIV, intéressé par la musette, était peu propice à la reconnaissance sociale de la vielle. Pourtant, selon l'hypothèse de Maillard, alors que La Roze pourrait être considéré comme « représentant le degré d'accomplissement du ménétrier populaire, le pas accompli par Janot est grand : le fait de jouer des pièces d'opéras de Lully non extraites des divertissements chorégraphiques (beaucoup d'airs de danse du compositeur sont d'une grande simplicité et étaient joués par des ménétriers) est symbolique car il témoigne de la volonté d'insérer l'instrument dans un contexte qui lui était inconnu : celui de la musique savante » 1 .

Notes
2.

TERRASSON, Antoine, Dissertation historique sur la vielle Où l’on examine l’origine et les progrès de cet instrument, Paris, 1741, p.91/92.

1.

MAILLARD, Jean-Christophe, « La vielle en France au XVIIe et XVIIIe siècle », Vielle à roue, territoires illimités (sous la direction de Pierre Imbert), St Jouin de Milly, FAMDT éditions, 1996, p.17.