10.3. Ni gueuse ni paysanne est la lyre d’Apollon

On peut rendre compte de cette dynamique par le schéma suivant :

La vielle est un instrument de gueux, c'est l'instrument mendiant voué à une musique fade, monotone et lancinante. Cette représentation devra être rejetée et il faudra décontaminer l'instrument de ce qui est attaché à son origine misérable. On choisit donc de considérer la vielle comme un instrument villageois. Mais, pour qu’elle devienne aristocratique il faudra encore la transformer en la débarrassant de la manière rustique dont elle interprète les danses vives ou les chansons lentes qui composent la musique à laquelle son origine villageoise la destinait. Cette mutation autorisera son entrée dans le mythe arcadien et la constituera comme « lyre d'Apollon » apte à jouer de la musique arcadienne. Le brillant d’une part, la délicatesse, le goût, la tendresse et la sensibilité d’autre part seront les qualificatifs utilisés pour présenter l’instrument et la musique qui lui convient. A la « vieille vielle» s'est substituée la « vielle nouvelle», comme l'homme nouveau se substitue au vieil homme dans le rite du baptême.