11.2. Le perfectionnement dans les détails.

11.2.1. L'esthétique.

Les facteurs de vielles à roue cherchent à améliorer son esthétique. Cette démarche n'est pas innocente. Il s'agit de rapprocher la vielle des autres instruments de musique bien en cour, donc de la légitimer, de lui donner ses lettres de noblesse. En ce sens Robert Green 1 remarque que l'on fabrique pour les vielles des boites à chevilles sur le modèle de celles des violes. Or la viole est, en 1720, au sommet de son prestige et montrer une caractéristique commune aux deux instruments ne peut que servir la renommée de la vielle. On pourrait faire des remarques analogues concernant l'introduction et le choix de têtes sculptées montées à l'extrémité du chevillier ou les marqueteries qui ornent la table d'harmonie.

Il s'agit d'embellir l'instrument, mais, ce faisant, de l'anoblir pour que son origine, liée à la mendicité ou tout au moins roturière, soit définitivement gommée par ces richesses d'ornementation qui la font entrer dans le monde des gens de qualité.

Notes
1.

GREEN, Robert A., The hurdy-gurdy in eighteenth century, France, Indianapolis, Publications of the Early Music Institute, 1995, p.10.