11.3. Conclusion

Les modifications de la lutherie correspondent bien à une tentative de modernisation. Un instrument vieillot, insuffisamment efficace subit des transformations qui le mettent au goût du jour.

Plus précisément, comme instrument de mendiant, la vielle a la mauvaise réputation d'être poussive, de jouer des airs musicalement pauvres, lentement et de manière monotone. Les luthiers vont donc tenter de décontaminer la vielle en la débarrassant de ces imperfections. La « nouvelle vielle" qu'ils font alors advenir se devra, tout à l'inverse de l'ancienne, d’être un instrument souple et brillant. Une structure modifiée et une table d'harmonie en acajou rendront plus brillant et plus sonore le chant qu'exécutent les chanterelles. Une attention particulière portée aux touches du clavier, la possibilité d'une attaque nette et sans temps de latence des « sautereaux » sur les cordes chanterelles, permettront un jeu rapide. L'ambitus de l'instrument sera augmenté par adjonction de notes dans le haut du clavier qui lui permettront d'élargir son répertoire. Les cordes sympathiques enrichiront le son produit.

On voit que du côté du luthier, la préoccupation essentielle est de faire entrer la vielle dans le Parnasse des instruments baroques ; débarrassée de tout « complexe », elle pourra se permettre de rivaliser avec ceux-ci. Placée entre les mains des personnes de qualité, elle devrait pouvoir jouer, du point de vue du luthier, toute musique « honorable » qu'elle soit arcadienne ou émancipée.