12.2.1.5. « Remarques sur les coups de poignet qu'il faut donner pour exécuter les pièces de ce livre selon le goût ».

En fin de méthode (p.X-XI), Dupuits propose six sonates pour vielle et basse continue qu'il présente dans des « remarques ». Le titre est intéressant ; l'expression « selon le goût » est utilisée dans un sens générique ; l'interprétation « selon le goût » concerne en effet la totalité des mouvements de ces six sonates, qu'ils soient lents, gracieux, tendres ou qu'ils soient rapides et marqués.

Ce n'est pas le cas à l'intérieur même du texte de Dupuits. Le mot goût n'est utilisé que pour désigner des mouvements lents et gracieux, en excluant la totalité des mouvements rapides. Il apparaît deux fois à propos de 3 pièces : un Adagio « qu'il faut toucher avec beaucoup de goût et de sentiment », deux Pastourelles « qui doivent être touchées avec beaucoup de goût, sans cependant rendre la mesure trop languissante ».

En revanche un Largo « doit être joué avec propreté » ; faut-il en penser que la propreté est incompatible avec le goût au sens étroit du terme, celui-ci renvoyant plutôt à une atmosphère en clair-obscur, langoureuse ou ambiguë ?

Dupuits signale aussi deux « Aria en rondeau, dont le mouvement est gracieux, dans lesquels le coup de poignet est de fantaisie ». Le goût n'est pas cité, mais l'auteur oppose un coup de poignet dit « de fantaisie » utilisable dans les mouvements gracieux à un coup de poignet que l'on pourrait dire normal, qui est plus systématique et nécessite l'apprentissage de règles bien précises. Le coup de poignet de fantaisie est donc conforme au goût qui préside à l'interprétation des morceaux gracieux ou lents. On peut déjà pressentir qu'une étude plus précise des coups de poignet recommandés par les auteurs baroques sera nécessaire pour distinguer les manières d'interpréter les différents types de musique.