12.2.2.2. Le goût et les règles

Un exposé plus technique se poursuit avec les considérations suivantes :

‘« Voilà les règles les plus générales du coup de poignet de la vielle qu'il faut tâcher d'observer exactement, il arrive cependant que ceux qui les possèdent le mieux s'en écartent souvent pour faire des variations dans lesquelles il n'y a point d'autres règles que le goût et l'oreille de l'exécutant ».’

Comme Dupuits, l'auteur intègre à son exposé technique sur les règles quelques considérations sur les silences. Mais il se montre nettement plus approximatif : « Pour ce qui est de couper les tours de roue pour observer les silences, c'est à dire les pauses, demi-pauses et soupirs il y a plus d'art et de goût que de principes ».

L'opposition entre deux modalités de « gestion » de l'interprétation, par les règles et par le goût, est là encore affirmée. Comme chez Dupuits, le goût jouit de la préséance, il est en effet, au niveau supérieur, un « système gestionnaire » de l'ensemble de la musique (y compris les airs vifs et marqués) puisqu'il autorise une transgression des règles. Au niveau inférieur, il est, comme nous venons de le voir, et pour nos deux auteurs, le système gestionnaire des seuls mouvements lents, gracieux et tendres, en quelque sorte parallèle aux règles qui ne concernent que les mouvements rapides 1 .

Notes
1.

Cette même dualité est esquissée dans l'Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, article Instruments à cordes et à manivelle, vielle (non signé) : « les coups de poignet dépendent souvent du caractère de la pièce et du goût du musicien ».