12.3. Deux conceptions du goût

12.3.1. Le goût comme système gestionnaire des pièces lentes.

Comment la notion de goût est-elle introduite dans les méthodes de vielle ?

1. Le goût est généralement invoqué alors à la suite d'un chapitre ou paragraphe qui expose ce qui est appelé « les règles ».

2. Ces règles concernent principalement (mais pas uniquement) 1 une caractéristique de la vielle qu'on ne retrouve chez aucun autre instrument ; il s'agit de la division du tour de roue et de l'utilisation du coup de poignet comme un système d'articulation des sons. Les méthodes les plus complètes exposent ces règles de façon très précise (en fonction du type de mesure, par rapport aux différentes valeurs des notes, selon la dénomination générique de la pièce jouée, selon le début de la phrase musicale…).

3. Le goût est ensuite désigné dans l'exposé pour signifier que l'on peut diviser la musique en deux séries de pièces. Il y a les pièces vives et brillantes, ces pièces de mouvement auxquelles les règles s'appliquent de plein droit. Il y a ensuite les pièces lentes, gracieuses ou tendres pour lesquelles les règles ne s'appliquent plus ou peu. Ces morceaux se jouent sans coup de poignet ou avec un coup de poignet dit « de fantaisie », laissé justement au libre choix de l'interprète.

Le goût est donc le système gestionnaire des pièces lentes, les règles sont le système gestionnaire des pièces rapides. Dans les deux définitions possibles du terme de goût, il apparaît que celui-ci donne une certaine préséance au joueur sur le compositeur lors de l'exécution d'une pièce ; le goût est en effet lié à la personne et à la sensibilité du premier, c'est lui qui évite que les interprétations soient monotones parce qu'identiques.

Notes
1.

Il peut s'agir aussi de doigtés.