12.4. Conclusion

Ainsi retrouve-t-on dans ces textes concernant la vielle, des différenciateurs qui permettent de distinguer deux sous-ensembles qui recouvrent partiellement la distinction entre musique arcadienne et musique émancipée à laquelle nous avons consacré nos chapitres 2 et 3.

-I- Le goût, au sens spécifique, gère une musique lente, tendre, des mélodies à chanter issues du monde arcadien (musettes, brunettes, chansons ou chansonnettes,, ariettes et airs tendres…) et secondairement les mouvements lents ou graves que l'on trouve dans les œuvres du genre sonate, du genre concerto et du genre suite.

Afin d'éviter le « rustique » seront utilisées certaines techniques de baroquisation (enflements, jeu louré, opposition fort/faible, notes longuement tenues).

Ces techniques nécessitent un jeu particulier de la roue (des variations intentionnelles dans la vitesse de rotation) qu'il faut associer probablement à la tendresse, en tout cas à l'expression de sentiments de cette nature.

-II- À l'opposé, on trouve une prédominance des règles, des connaissances techniques, avec comme modèle d'interprète, le virtuose et non plus l'amateur éclairé. Le répertoire géré par ces règles désigne, sans autre précision, des mouvements ou des airs rapides, vifs et marqués. Il regroupe en effet des danses rapides du répertoire champêtre, à baroquiser dans le sens de la virtuosité, pour changer leur nature en évitant la monotonie et les répétitions qui en feraient des morceaux seulement rustiques. Mais il comporte aussi les mouvements rapides, qui peuvent être très difficiles d'exécution et que l'on trouve, faisant partie de la musique émancipée, dans les pièces dégagées du mythe arcadien, souvent du genre concerto ou sonate d'influence italienne

Les techniques utilisées à la vielle pour exécuter ce deuxième répertoire relèvent pour une part importante d'une division régulière du tour de roue prenant en compte la durée des notes et le type de mesure. Comme nous le verrons au chapitre 14, ce tour de roue sert d'appui aux techniques de coup de poignet qui permettent l'articulation et un jeu plus ou moins détaché 1 .

Là encore, l’objectif est d'effacer les défauts généralement prêtés à la vielle (lenteur et monotonie) pour promouvoir un jeu brillant.

Notes
1.

Pour des raisons de clarté, nous avons traité les procédés d’exécution des pièces rapides dans ce chapitre mais aussi dans le chapitre 14. Il faudrait s’y reporter, puisque la technique la plus spectaculaire pour jouer celles-ci détachées, fait intervenir la mise en mouvement du chevalet mobile, qui concrétise et fait entendre cette division de la roue par impulsions dont nous faisons état dans ce chapitre.