CHAPITRE 14 : LA TROMPETTE DE LA VIELLE ET L’ARTICULATION DU POIGNET

Avec la roue-archet, la spécificité organologique la plus spectaculaire de la vielle, qu'elle partage avec la trompette marine, est l'existence d'un système très spécial formé par une corde bourdon appelé trompette, qui repose sur un chevalet mobile (un seul de ses deux appuis sur la table est mobile) nommé de nos jours chien ou trompillon. De plus, il existe une corde guidon appelée tirant qui est enroulée à une de ses extrémités sur une cheville implantée sur le cordier et qui est attachée, à l'autre extrémité, à la corde trompette, à proximité du chevalet mobile. Le joueur contient dans la paume de sa main la manivelle qui actionne la roue, à laquelle il peut donner des à-coups qui vont se répercuter sur le chevalet par l'intermédiaire du tirant puis de la trompette. La cheville du cordier permet de régler finement l’espace qui sépare de la table d’harmonie l’appui mobile du « petit chevalet »en fonction du type de « bruitage » que l'on souhaite obtenir.

Du point de vue sonore, ce système, qui entraîne, habituellement mais pas nécessairement, un tapement du chevalet sur la roue ou un frémissement continu, produit une sonorité surajoutée aux notes qui émanent des deux cordes chanterelles. Nous discuterons les formes diverses que cette sonorité peut prendre, les fonctions qui lui sont attribuées selon l'époque ou le contexte, et, pour notre propos, sa compatibilité avec le goût baroque.