16.2. Les bourdons

La vielle à roue est un instrument à bourdons. Avant la période baroque leur nombre n'est pas fixe et probablement sont-ils accordés de façon variable. Citons Mersenne qui se laisse aller à une certaine outrance : « Mais si l'on met six bourdons qui fassent l'octave, la douzième, la quinzième, la dix-septième et la dix-neuvième, suivant les nombres 1, 2 3 4 5 et 6, l'on aura une parfaite harmonie que l'on pourra varier en ajoutant ou soustrayant telles cordes que l'on voudra » ³ . Dans son Dictionnaire, en fin de XVIIe siècle, Furetière ne retient quant à lui que la possibilité de monter deux bourdons « qu'on peut mettre à l'unisson et à l'octave » ⁴ .

A l'entrée de la période où la vielle s'impose, et comme en ce qui concerne les chanterelles, Flagel fait remarquer que, dans la méthode éditée par Ballard en 1732, les bourdons n'obéissent pas encore complètement aux règles qui s'imposeront à l'époque du baroque tardif : « Les deux bourdons donnant le sol, sont appelés mouche » ¹ , « ils s'accordent à l'octave au-dessous du G/Ré/Sol des chanterelles » ² .

La vielle promue sous le règne de Louis XV possèdera des bourdons qui sonnent de façon stabilisée. A côté de la Trompette qui sonne do3quand on joue en tonalité de Do et ré3 quand on joue en tonalité de Sol, il existe trois bourdons. La Mouche sonne sol2. Le Gros Bourdon sonne sol1, et il est seulement mis en mouvement quand on joue en tonalité de Sol. Le Petit Bourdon sonne do2, (à l'octave en dessous de la Trompette), et il est seulement mis en mouvement quand l'interprète joue en tonalité de Do.