16.2.1. Contre les bourdons

16.2.1.1. La polémique.

Les bourdons sont fréquemment critiqués pour le son qu'ils produisent. Ancelet s'en moquera, lorsqu'il fait semblant de s'interroger : « Cette persévérance (des bourdons) ne serait-elle point l'image de la constance des Bergers ? » 3 , pour dire ensuite qu'ils font de la vielle un « instrument borné ». En revanche, Brossard se montre plus modéré dans sa critique ; il parlera de « bourdonnement perpétuel et cependant harmonieux que font nos Loures ou Musettes ou le bourdon de nos vielles » 4 . Moins accommodant se montre l'auteur anonyme d'un pamphlet de 1738 que nous avons déjà cité : « C'est un instrument si borné, et son cornement est si désagréable pour les oreilles délicates qu'il devrait être proscrit sans miséricorde » 1 . Campion (Carbasus) évoque, dans la même veine, « le cornement perpétuel de leurs insupportables Bourdons » 2 . Corrette, dix ans avant de commettre lui-même une méthode pour vielle, dira de cette dernière qu’elle est caractérisée par son « bourdonnement perpétuel et ennuyeux » 3 .

Notes
3.

ANCELET, Observations sur la musique, les musiciens et les instruments, Amsterdam, 1757, Fac simile : Genève, Minkoff, 1984, p.27.

4.

BROSSARD, Sébastien de, Dictionnaire de musique, Paris, Ballard, 1703. Fac simile : Minkoff 1992, art. « Vielle ».

1.

ANONYME, « Lettre écrite de Paris le 29 juillet 1738, sur les mémoires pour servir à l'histoire de la musique », Mercure de France, août 1738, p.1721/1736, p.1722.

2.

CARBASUS, Abbé de, Lettre de Monsieur l'abbé Carbasus à Monsieur D°°° auteur du « Temple du goust » sur la mode des instruments de musique, Paris, 1739, p.10.

3.

CORRETTE, Michel, Les Dons d’Apollon. Méthode pour apprendre facilement à jouer de la guitare, Paris, 1762.