16.2.2.4. La réglementation des changements de tonalité.

Certains auteurs vont indiquer précisément quelles sont les « modulations » compatibles avec l'usage des bourdons. Bordet sera très précis :

‘« Il faut encore observer que les airs que l'on transpose dans ces deux tons (Do et Sol) pour les dits instruments, ne doivent moduler dans le Mode Majeur, qu'à la Dominante et en passant à la Sous Dominante. A l'égard du Mode Mineur, les Airs peuvent moduler non seulement aussi à la Dominante et Sous Dominante, mais encore à la Médiane et à la 6e mineure ainsi qu'à la 7e ; mais il faut dans ce cas, que le passage ne dure pas plus d'une mesure ou deux seulement, et qu'il soit adouci et fait avec art ; car autrement il serait dur à l'oreille, parce que les Cordes ou Bourdons, qui continuellement sonnent l'accord de 5e et fondamentale du premier ton, deviendraient des cordes étrangères au nouveau ton et formeraient sans cesse des dissonances mal placées, qui seraient insupportables si le trait durait longtemps » ¹ .’

Bien moins précis est un autre auteur qui se contente de dire que « l'on module selon son idée pourvu que l'on retombe toujours sur le ton » ² .

Robert Green ³ , faisant le point sur cette question, considérera qu'il est admis comme acceptable de moduler à la dominante et à la relative majeure, très rarement à la relative mineure. Mais il constate aussi que la tolérance aux dissonances est très variable selon les auteurs de partitions pour vielle ou musette.

Nous proposons en annexe une pièce de Esprit Philippe Chédeville caractéristique d'un changement prudent de tonalité ⁴ très fréquemment utilisé. Ce morceau, écrit en Do majeur, comporte notamment une phrase en Sol majeur (de la 4e mesure du cinquième système à la 2e mesure du septième système). L'effet est modérément dissonant en raison des frottements qui se produisent avec le ré et avec le do des bourdons.