18.2. Les compositeurs et les œuvres.
18.2.1. Le travail d’Anik Devries
Anik Devries a recensé les catalogues des Leclerc, les plus importants commerçants en partitions de Paris. Elle présente la liste des compositeurs dont les œuvres sont vendues. Nous en avons exclu les auteurs qui n'ont écrit que de la musique vocale (cantates, opéras, musique religieuse chantée) ou des méthodes, principes et traités. Nous avons donc conservé le corpus purement instrumental, toutes les fois qu'un (ou des) instrument est explicitement cité par l'auteur à la suite du titre de la pièce ou du recueil. Ainsi pouvons-nous compter dans le catalogue général de la production Leclerc 1 259 compositeurs cités, dont 41 ont écrit pour « vielle musette », soit 15,8 %.
Par ailleurs, dans le même ouvrage, Anik Devriès réalise une liste des Œuvres mises en vente à partir du fonds musical « Leclerc Croix d'or », en répertoriant les 5 catalogues de 1734, 1737, 1742, 1751, 1753. Nous retenons toujours dans notre corpus les seules œuvres instrumentales, et seulement lorsqu'un instrument particulier est explicitement désigné parmi ceux qui sont le plus souvent cités, soit, dans l'ordre, le violon, la flûte et, en troisième position l'ensemble « musettes/vielles ». Les chiffres que donne Anik Devriès et que nous allons utiliser correspondent à des fréquences cumulées. Autrement dit, dans le tableau 1, si le premier chiffre (124) correspond au nombre d'ouvrages répertoriés pour le violon dans le catalogue de 1734, celui qui vient immédiatement en dessous (169) correspond au catalogue de 1737, soit le chiffre du catalogue de 1734 augmenté des 45 nouvelles parutions (entre 1734 et 1737).
On voit que les pièces écrites pour musette ou (et) vielles occupent toujours, dans les cinq catalogues, la troisième place du classement derrière le violon et la flûte qui se disputent la suprématie. En 1753 cet ensemble dispose de 154 publications. On voit que ces deux instruments à bourdons doivent effectivement être considérés comme des éléments importants dans l'univers de la musique baroque.
La dernière colonne (D/E) indique, pour l'année concernée, le pourcentage d'œuvres pour « vielle/ musette » publiées. On voit que ce pourcentage est toujours situé entre 14% et 19%, pour les 5 années concernées.
Le graphique ci-joint (graphique 1), visualise, à ce propos, le fait que l'ensemble « musette/vielle à roue » donne lieu, de façon stable, entre les années 1734 et 1753, à un répertoire qui suit les variations de l'ensemble formé par les violons et les flûtes, alors qu'on voyait, dans le précédent graphique que le violon s'est imposé contre la flûte au cours des ans (et plus précisément à partir de 1751).
