« Pièces choisies pour la vielle à l'usage des commençants, avec des instructions pour toucher, et pour entretenir cet instrument ».
On voit que, dans son titre, l'auteur 2 précise que « ces pièces choisies pour la vièle » le sont « à l'usage des commençants ». Elles vont donc être faciles d'exécution. La partie « méthode » est extrêmement sommaire et ne permet pas un quelconque approfondissement du jeu de l'instrument.
La dédicace « A ma comère » commence par la phrase :
‘« Depuis que MA COMERE a quitté sa quenouille, qu'elle a abandonné le goût d'une lecture amusante ; qu'enfin elle a su dérober à ses compères l'enjouement d'une conversation remplie de vivacité et d'esprit : depuis, dis-je, qu'elle a considéré la VIELE comme un instrument capable d'occuper sa délicatesse ; il n'est pas étonnant qu'à son exemple, les Clairs-Voyants courent sus aux pauvres aveugles, pour leur envahir un bien qui leur étoit propre… ».’Cet avant-propos marque bien que la vielle commence sa carrière sociale en opposition à son passé d'instrument truand aux mains des mendiants aveugles. Mais, en 1732, la situation de la vielle n'est pas encore stabilisée. Quelques années plus tard, il pourrait être plus difficile de dédicacer une œuvre musicale pour vielle à une « comère », il y faudrait un prince, une marquise ou autre aristocrate. Le travail édité chez Ballard porte la marque d'un moment transitoire, marque que l'on retrouve aussi dans ses considérations techniques, parfois imprécises, portant sur la vielle 1 .
Rien d'étonnant à cela en 1732. Nous avons indiqué que la vielle se développe chez les « personnes de qualité » entre 1725 et 1765. La période la plus faste, pour les publications d'œuvres musicales, est située entre 1739 et 1740, et il n'y a guère de publications en nombre conséquent avant 1733, (année qui voit 33 partitions publiées pour vielle ou vielle/musette).
En 1732 donc, il n'y a pas ou il n’y a que très peu d'interprètes confirmés ; aucun joueur, sauf quelques exceptions, n'a du apprendre la vielle pendant son enfance. Un auteur de méthode aura donc à s'adresser à un public de débutants, il se devra de proposer des textes musicaux faciles s'il veut être joué ou être acheté par un nombre suffisamment conséquent de personnes.
Certains ont attribué l’ouvrage à Charles Bâton.
Rappelons que le texte édité par Ballard laisse encore planer des ambiguïtés sur l'accord des cordes de la vielle (voir le chapitre 16, section 16.1. Les chanterelles, et section 16.2. Les bourdons).