19.1.2. Quelle musique pour vielle chez Ballard ?

Les « pièces choisies » par l'auteur pour illustrer son propos sont au nombre de 45, 16 menuets (36%), 11 vaudevilles (24%) et 6 musettes (13%) représentent 73% du corpus. Le restant des morceaux choisis peut être classé en dénominations diverses citées une ou deux fois (sarabande, vièle, gavotte, tambourin, badine…). Le répertoire est donc français, faisant une large part à des pièces d'inspiration populaire ou s'étant popularisées.

L'ouvrage édité par Ballard nous semble particulièrement intéressant pour notre propos en raison de la situation limite qu'il occupe : il « n'est pas encore » mais il « travaille à être ». Autrement dit, il permet une approche, in statu nascendi, de ce qui voudrait succéder à une musique rustique (tout en en restant très proche) à ce moment où elle n'a pas encore vraiment gagné ses lettres de noblesse. Il incarne un premier répertoire pour vielle avant que la baroquisation ne s'en soit emparé pour le déconstruire et le reconstruire en répertoire arcadien.

La proximité avec le rustique, (malgré quelques amorces de baroquisation sur le mode champêtre 1 ) se marque par les caractéristiques suivantes fréquemment rencontrées :

-citations fréquentes de vaudevilles et d'airs connus déjà mémorisés ou faciles à mémoriser.

-absence de changement de tonalité, évitement des dissonances.

-structure en deux sections (antécédent et conséquent) ; chacune pouvant, d'autre part, fréquemment se diviser en deux.

-utilisation de rondes, avec refrain « naïf ».

-rythme de danse très marqué.

-nombreuses pièces diatoniques.

-peu d'agréments.

-absence de doubles ou de triples.

-airs faciles ne demandant pas de virtuosité.

-absence d'indications d'opposition dynamique (fort/doux).

-toutes les pièces sont transcrites pour vielle seule, sans mention d'une basse continue ou d'une deuxième voix permettant de jouer en Duo.

-ambitus compris entre sol3 et 5(un seul mi bémol dans le recueil). Toutefois, trois airs écrits en Sol sont notés avec un ou deux fa dièse3, alors que normalement les chanterelles sonnent un sol3 à vide. Probablement, l'auteur pense-t-il alors à cette nouvelle vielle qu'il propose dans son texte 1 , avec un ambitus élargi, les chanterelles sonnant, à vide en Do3, à la quinte en dessous du sol habituel.

Notes
1.

Nous en proposons un exemple avec la Sarabande ci-après.

1.

Voir p.11 de l'ouvrage édité par Ballard.