19.1.3. : Menuets, Sarabande et Air de mouvement.

Nous allons examiner les deux premières pages proposées par l'auteur comme « pièces choisies », c'est à dire au titre d'exemples musicaux.

19.1.3.1. Exemple 1. Deux menuets (Ballard).

L'auteur prend soin de préciser qu'ils sont « très propres à jouer sur la vièleparce qu'ils ne s'écartent point du ton naturel de cet instrument » (quoiqu'une partie de la deuxième phrase du deuxième menuet se rapproche d'une tonalité de Sol). Il manifeste ainsi, bien que le menuet ne soit pas une danse considérée comme populaire, que les pièces pour vielle ne doivent pas s'écarter d'une tonalité de base (Do ou Sol), afin d'éviter les dissonances que produirait l'intervention des bourdons qui agissent comme des invariants. Ce souci de constance tonale se retrouvera dans la totalité du livre.

En revanche, conformément à ce qui est fréquent dans la suite de danses baroque, le premier menuet est en mode majeur, alors que le deuxième est écrit en mineur. Il y a là une tentative pour s'éloigner du strict schéma homogène prêté à la musique populaire 1 ; en effet l'auteur indique que le passage du majeur au mineur devrait être souligné par la technique du jeu : détacher « toutes les notes du poignet » (en majeur), jouer « en Musette, c'est à dire doucement et en tournant toujours également » (en mineur). On peut entendre ici le souci d'éviter une interprétation rustique grâce à une proposition de sophistication témoignant d'une approche plus sensible du répertoire. Cette prise en compte de la sensibilité signerait une conception déjà champêtre de la musique, dans la ligne de ce que Rousseau développera.

Le menuet en majeur intègre trois indications d'agréments à l'instant des cadences. Le deuxième menuet en contient deux. Ils sont notés avec le signe (+).

Notes
1.

Encore qu'à une période plus récente, l'opposition majeur/mineur sera présente dans la musique populaire.