19.2.2.3. Les indicateurs de baroquisation :

Il faut comprendre que les agréments, très nombreux et variés surtout dans les airs lents, ne sont pas le résultat d'un effort pour transformer une musique rustique en musique champêtre, puisque les œuvres proposées sont de nature émancipée et dépourvues de toute origine rustique visible 1 . Ce sont des « enrichisseurs » de la mélodie, des volutes permettant le déploiement du drapé baroque 2 .

Les agréments notés sur la partition sont nombreux : cadence, cadence liée, pincé simple ou à plusieurs battements, coulé, double cadence, port de voix.

A cela, il faut ajouter le jeu Louré et l'importance accordée par Dupuits à la réalisation des enflements pour lesquels il invente même des indicateurs typographiquesparticuliers 3 .

Signalons aussi des batteries difficiles d'exécution et nécessitant parfois l'utilisation du pouce que Dupuits est le seul auteur de méthode à envisager.

Notons, dans l'ordre de la virtuosité, des mouvements rapides en doubles-croches, avec des intervalles importants entre notes disjointes qui sont difficiles à doigter 4 . Enfin l'instrument sur lequel il faut jouer ces sonates doit être de grande qualité et parfaitement réglé. L'interprète doit en effet exécuter des fa dans l’aigu du clavier (par exemple dans l'Allegro de la 3° sonate), et même des sol (par exemple dans le dernier mouvement de la 5e sonate qui s'achève justement par un sol5 en ronde à l'extrémité supérieure du clavier).

Notes
1.

La conception dont nous faisons ici état, concernant le sens à donner aux agréments dans la musique que nous disons « émancipée », se réfère à l’analyse que nous proposons chapitre 3, section 3.3.4 : Musique émancipée et baroquisation.

2.

A titre d'exemple, voir, ci avant, le Largo de la sonate VI de Dupuits.

3.

Voir chapitre 12, section 12.1.3. : La tendresse et la roue.

4.

Voir à la page précédente, la dernière page de la sonate V de Dupuits, (exemple 5 : la fin d’un Allegro).