19.2.2.5. L'influence du clavecin.

La virtuosité exigée pour ces sonates est alliée, dans le corps même de la méthode, à une absence de considérations pratiques concernant la vielle ; comme l'indique Flagel 1 , l'instrument n'est pas décrit et aucune indication n'est donnée concernant les réglages nécessaires. Cela pourrait donner une idée de la conception de la vielle propre à Dupuits. On peut penser que celui-ci est fortement influencé par sa spécialité de claveciniste et qu'il tend à demander à la vielle et à son interprète des performances qui tiennent peu compte des limites de l’instrument vielle à roue. En revanche, comme nous l'avons vu, notre auteur accorde une place de choix aux enflements (en inventant même deux signes conventionnels pour les indiquer et en différencier deux formes) 2 . Or nous avons précédemment noté 3 que la vielle sait enfler le son, ce que ne peut réaliser le clavecin. On conçoit que devenu Maître de vielle, Dupuits ait voulu faire valoir une des caractéristiques idiomatiques de l'instrument fortement appréciée à l'époque.

Dupuits, probablement confronté aux difficultés qu'il a dû rencontrer pour faire interpréter ses sonates par ses élèves, se contente d'indiquer qu'il faut commencer par les jouer lentement : « Je prie seulement ceux qui voudront jouer mes pièces de les jouer plutôt un peu plus doucement, parce qu'insensiblement on sent le véritable mouvement d'une pièce, lorsqu'on la répète plusieurs fois ». Si les difficultés persistent, il faut rencontrer l'auteur : « Les personnes qui trouveront quelques difficultés, soit pour l'exécution de ces sonates, soit pour l'accompagnement ou qui auront quelques propositions à me faire, n'auront qu'à me faire l'honneur de me le demander » 1 .

Notes
1.

FLAGEL, Claude, « La vielle Parisienne sous Louis XV : un modèle pour deux siècles », Instrumentistes et luthiers Parisiens, XVII e et XVIII e siècle, (sous la direction de Florence GETREAU), Paris, Délégation à l'action artistique, 1988, p.7.

2.

Voir chapitre 12, section 12.1.3. : La tendresse et la roue.

3.

Voir chapitre 15, section 15.1.1. : Vielle et clavecin.

1.

DUPUITS, op. cit. p.XI.