20.1. Pièces « dans le goût de vielle » dans le répertoire pour vielle.

20.1.1. : Un extrait atypique du « Dom Quichote » de Courbois .

Cette cantate française de Courbois est écrite « à voix seule et un violon » 1 . Cependant le compositeur porte l'indication « vielle » en un endroit précis de la partition, ce qui peut s'entendre de deux manières ; soit il demande au violon de jouer « selon le goût de vielle », soit il propose d'introduire une vielle pour modifier la couleur sonore de la pièce à un moment donné 2 . On remarquera surtout que la basse continue imite les bourdons (Sol/Ree/Sol). D'autre part, le texte chanté, que la vielle introduit, tourne en dérision le langage populaire dans un discours dont Sancho Pança est l'auteur (« Mardi faut-il pour une ingrate passer tant de nuit sans grabat. Palsangué gratons qui nous grate autrement. A bon chat bon rat »). L'association de la vielle et de Sancho Pança est censée produire une ambiance sonore très différente de celle que l'on devait aux violons accompagnant les airs et récitatifs de Don Quichotte et du narrateur. Cette musique évoquant Sancho Pança est bien évidemment de veine populaire ; elle est, d'autre part, agréable mais un peu conventionnelle, et l'on peut penser que seul l'emploi des bourdons convoque un climat sonore particulier.

Atypique est cette pièce, si l'on considère qu'elle donne une place à une vielle. En effet l'œuvre est publiée en 1710, alors que la vielle n'est pas encore instrument à la mode et que les premières publications pour l'instrument feront seulement leur apparition en 1724. De plus, en 1710, il n'existe pas encore de vielle baroque ayant des caractéristiques qui seront ultérieurement stabilisées et notamment des chanterelles qui sonnent en Sol à vide. Manifestement les chanterelles de la vielle de Courbois devraient sonner à vide en 1 .

Notes
1.

COURBOIS, Philippe, « Dom Quichote, VII° Cantate à voix seule et un violon », Cantates Françoises à I et II voix. Sans simphonie et avec Simphonie., Paris, 1710, p.97/99.

2.

Il est bien difficile de choisir entre ces deux hypothèses ; nous avons retenu celle que propose R. Green (GREEN, Robert A., The hurdy-gurdy in eighteenth century. France, Indianapolis, Publications of the Early Music Institute, 1995, p 85). Mais il est vrai que notre analyse de l’œuvre de Courbois pourrait aussi bien trouver sa place dans la deuxième partie de ce chapitre.

1.

On peut cependant la jouer avec une vielle baroque dont les chanterelles sont en Sol, avec des bourdons en Sol et . Il suffit que l'on transpose à l'octave au-dessus lesgraves ainsi que la totalité de la phrase musicale des 2° et 3° systèmes de la page 98 et de celle de la page 99..