20.1.5. La vielle sautillante.

Il s'agit du répertoire dominant, celui qui comprend le plus grand nombre de pièces, dont l'air du Ballet de l'impatience de Lully que nous présenterons plus avant (mais que l'on pourrait aussi classer dans la catégorie « vielle des gueux », si l'on retient son titre et non pas sa musique). L'interprète pourrait aussi transformer la pièce « pesante » de Boismortier présentée ci-dessus en une pièce « sautillante », en accélérant fortement le tempo et en supprimant l'effet de monotonie par l'agrémentation.

Nous désignons donc par l'appellation « vielle sautillante » un répertoire de mélodies « guillerettes », jouées de façon enlevée, d'airs gais ou vifs, sans prétention aucune, que l'auditeur entend comme airs à danser, formant une agréable distraction. Ces pièces sont faciles d’exécution, construites sur un modèle simple, intégrant peu d'oppositions dynamiques fort/doux ou de phrases en écho, utilisant fréquemment la forme en rondeau. Le compositeur cherche peu à les baroquiser, nous les dirions plus proches du rustique que du champêtre. Nous avons plus haut cité Furetière proposant de la vielle une approche correspondant à ce que nous avons appelé « la vielle pesante » et trouvant probablement son origine dans la pratique mendiante. En revanche, la représentation de la vielle qui surgit de ce répertoire et que nous nommons « vielle sautillante », est finalement voisine d'une autre conception de l'instrument que propose aussi Furetière : « Les vielleurs vont jouer de porte en porte pour faire danser les servantes, les enfants, les paysans » 1 . Ce serait plutôt cette mise en perspective de l'instrument, instrument populaire et joyeux, produisant des ambiances de fête, s'appuyant sur la tradition villageoise, qui serait retenue dans la plupart de ces pièces qui font directement allusion à la vielle.

Notes
1.

FURETIERE Antoine, Dictionnaire universel, Paris, 1690 art. « Vielleur », déjà cité chapitre 4, section 4.2.1. : La vielle avant la période baroque.