CHAPITRE 21 : UN REPERTOIRE POUR VIRTUOSES ?

Dans notre chapitre 9, nous avons indiqué qu'il y a, sous le règne de Louis XV, deux catégories de joueurs de vielle qui assurent une fonction de transmission et permettent de nourrir l'intérêt pour l'instrument. Il y a, d’une part, les aristocrates qui peuvent ne pas être musicalement très compétents mais qui donnent à l'instrument une aura particulière en l'anoblissant pour en faire un instrument bien en cour ; mais il y a aussi les virtuoses, qui, grâce à leur « volubilité » de la main gauche, assurent que l'instrument est techniquement digne de côtoyer les autres représentants de l'ensemble baroque et de jouer à leur niveau. Il y aurait donc un répertoire virtuose joué par les virtuoses.

Mais, en conséquence de ce que nous avons montré dans notre précédent chapitre, il nous faut aussi considérer l'hypothèse selon laquelle les partitions proposées pour la vielle seraient souvent malléables, écrites pour être jouées indifféremment par des joueurs médiocres ou excellents ; ce n'est pas alors la pièce écrite qui est virtuose, c'est l'interprétation qu'en donne le virtuose qui la rend telle.

Nous allons donc comparer la situation du répertoire des trois personnages unanimement reconnus par leurs contemporains comme virtuoses de l'instrument, « l'illustre » Danguy, Charles Bâton et Ravet 1 .

Notes
1.

Voir chapitre 9, section 9.4.2. : Les virtuoses sous le règne de Louis XV.