21.2. Ravet

Comme Danguy, Ravet est considéré comme un virtuose de la vielle à roue, mais, contrairement à ce dernier, il a publié pour cet instrument. On connaît de lui un Livre I : Suites et sonates à deux vièles et avec la basse continue et une Œuvre II e : Sonates pour la vielle qui conviennent aux musettes, flûtes, hautbois et violons.

Les trois suites qu'il publie pour deux vielles sont de tradition française et introduisent courante, rondeau, gigue, chaconne et ariette. Les sonates restent attachées au goût français, avec des appellations concrètes dans l'œuvre IIe (La Champêtre, La Militaire, La Marine, L'Harmonieuse, La Chasseuse), et des indications de mouvement comme Fièrement, sans vitesse, ou Rondeau gracieusement.

En ce qui concerne les difficultés d'exécution, on peut dire que parmi les trois suites pour Duo de vielles, les deux premières supposent un interprète de moyenne compétence, alors que la troisième est nettement plus difficile à jouer. En vis à vis, il faut remarquer, et le fait est coutumier, que les sonates pour vielle et basse continue sont plus complexes à interpréter que les pièces en duo sans basse. Pour ce qui est du livre I, seule la sonate I est au même niveau que les 3 suites qui la précèdent, les sonates II et III étant assez nettement plus difficiles, avec, de plus, des sophistications dans le chromatisme et des changements de tonalité.

Les cinq sonates de l'œuvre IIe sont, quant à elles, par endroits, d'une extrême difficulté : certains mouvements nécessitent même une compétence qui les réserverait à des virtuoses du niveau de Ravet lui-même. On doit considérer que La Marquise Desmarets à qui celui-ci dédicace cet ouvrage devait, si elle pouvait le jouer en totalité, mériter amplement le compliment que lui adresse l'auteur, en parlant « de l'heureux talent que je vous ai toujours connu pour la vielle ». Parmi d'autres exemples possibles, citons le deuxième mouvement de la sonate I qui comporte des batteries en triples-croches, intégrant des sol du haut du clavier :

Citons aussi : Le jeu en accord présent dans le premier mouvement de la sonate II :

ou dans le mouvement de fanfare de la même sonate, mais avec une écriture différente :

Ajoutons, dans le mouvement intitulé Les Vents Très vite, les volées de triples-croches pour imiter la tempête :

Robert Green considère que Ravet a du introduire la sonorité bien particulière obtenue par la mise en mouvement du chevalet mobile par la corde trompette, pour peindre la tempête dans la sonate intitulée La marine ou les tambours dans la sonate appelée La militaire 1 .

On voit donc que Ravet, comme auteur, propose un répertoire convenant à de bons ou d'excellents élèves.

Notes
1.

GREEN, Robert, A, The hurdy-gurdy in eighteenth century France, Indianapolis, Publications of the Early Music Institute, 1995, p.473.